Pourquoi certaines personnes digèrent-elles mal le lait?
Ce qui peut poser problème dans le lait, c’est son sucre, le lactose: il en renferme environ 5%, contre 3 à 4% pour les yaourts, la crème fraîche ou les glaces. Pour digérer correctement ce sucre, il faut que notre corps puisse fabriquer l’enzyme correspondante, la lactase. Mais sans sa notice de fabrication, autrement dit sans son gène, nos cellules sont bien incapables de la produire. Or, depuis l’époque lointaine où nous avons commencé à tirer parti du lait des vaches, chèvres et brebis, il y a environ 10.000 ans, ce gène s’est transformé.
Ainsi, en Asie et en Extrême-Orient, on ne compte aujourd’hui que 10% d’hommes et de femmes ayant la bonne version du gène: celle qui, grâce à une petite mutation, permet de digérer le lactose de façon efficace. Dans cette région du monde, 90% des gens sont donc intolérants au lactose. Chez eux, le lait déclenche inéluctablement des diarrhées. Ce n’est pas le cas dans les pays du pourtour méditerranéen, où une personne sur deux possède la bonne lactase. Et dans le centre et le nord de l’Europe, où les produits laitiers ont toujours été importants, tout le monde ou presque est bien équipé!
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Diverses causes d’intolérance
En France, l’intolérance reste donc exceptionnelle. Mais cela ne signifie pas pour autant que nous digérons tous parfaitement le lait. Outre l’infime pourcentage des personnes qui n’ont pas la bonne lactase, d’autres personnes ont une anomalie héréditaire: le lactose passe à travers la muqueuse de leur estomac et, une fois dans le sang, ce sucre peut intoxiquer l’organisme.
Autre souci, cause la plus fréquente d’intolérance chez le nouveau-né: certaines maladies fragilisent la muqueuse de l’intestin et contrarient ainsi la digestion du lait. Il peut s’agir d’une infection par des virus, des bactéries ou des parasites, d’une maladie inflammatoire, d’allergies, de réactions à des médicaments, etc. Les problèmes disparaissent dès que la maladie est guérie.
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Une digestion plus difficile avec l’âge
Reste que chez les mammifères que nous sommes, l’enzyme lactase devient moins active à la sortie de l’enfance. À l’adolescence ou à l’âge adulte, cette efficacité peut ainsi diminuer de 90%, d’où des difficultés pour digérer le lactose. Mais cette sensibilité varie dans ses symptômes, d’une personne à l’autre. Certaines souffrent de ballonnements et de diarrhées dès qu’ils avalent un petit verre de lait, d’autres ne réagissent qu’après en avoir consommé en excès.
De plus, la sensibilité est plus ou moins forte suivant les produits laitiers: le lait écrémé est moins bien toléré que le lait entier, auquel on est généralement plus sensible qu’à des préparations lactées, qui traversent moins vite l’estomac. Ajoutons que les yaourts ont pour eux des bactéries qui prédigèrent le lactose. Et que les fromages affinés ont très peu de lactose, l’égouttage en ayant éliminé une partie, et les bactéries le reste.
Enfin, comme le souligne Francis Raul, directeur de recherche à l’Inserm, «la présence d’autres aliments atténue ou fait disparaître l’éventuelle difficulté à absorber le lactose». Pour ceux chez qui les laitages sont vraiment source de désagréments, mieux vaut donc éviter de les consommer à jeun. Sans pour autant s’en priver, car ce sont d’utiles sources de calcium. Même si, fort heureusement, la nature fait bien les choses: par un mécanisme de compensation, ceux qui consomment moins de calcium sont capables de l’absorber de façon plus efficace.