ValCabri collecte des données sur la viande de chevreau
Trois ans et demi. C’est le délai que s’est donné la filière caprine pour dresser le tableau de l’engraissement du chevreau à la ferme. Pour y parvenir, l’interprofession de la viande caprine – Interbev caprin – et l’Institut de l’élevage ont lancé le projet Valcabri. Celui-ci prévoit notamment trois essais techniques, qui prennent place à la ferme expérimentale caprine du Pradel en Ardèche : l’alimentation des mères en fin de gestation, le choix de l’aliment d’allaitement des chevreaux et le croisement avec des races à viande. L’expérimentation concernant l’aliment d’allaitement des chevreaux s’est déroulée en janvier et février 2020. Trois aliments étaient en lice : un lait maternel brut et deux laits reconstitués enrichis en oméga 3, l’un contenant 65 % de poudre de lait écrémé (PLE) et l’autre n’en contenant pas. Ces deux laits font partie de la gamme du fabricant Bonilait.
Entre 12,5 et 35 euros d’allaitement par chevreau
Les chevreaux naissent en moyenne à 4,7 kg et ont été abattus à l’âge de 24 jours pour un poids vif de 10 kg. La croissance des chevreaux a été similaire avec 210 grammes par jour de GMQ quel que soit l’aliment reçu.
L’ajout de poudre n’a pas eu d’impact sur la croissance et la qualité de la carcasse des chevreaux. Toutefois, les chevreaux nourris au lait à 0 % de poudre écrémé ont une consommation plus élevée que ceux nourris au lait à 65 % de poudre de lait écrémé (7,8 kg vs 6,2 kg de poudre par chevreau) mais le coût d’alimentation est moins cher (14,50 € vs 17 euros par chevreau soit 2 à 3 € de différence suivant le prix à la tonne des produits).
S’agissant du lait maternel, les chevreaux ont consommé au total 37,7 litres (dont 20 l en lait post-colostral), soit 1,5 litre par jour en moyenne. Le coût de l’alimentation des chevreaux nourris au lait maternel varie suivant la part de lait colostral apporté. Dans le cas de notre essai où la totalité du lait n’est pas post-colostral, le coût d’alimentation varie de 12,50 euros si le lait est livré à la coopérative à 35 euros si le lait est transformé sur la ferme en Picodon AOP.
Avec le lait maternel, des carcasses moins grasses
Dans cet essai, les carcasses des chevreaux élevés au lait maternel sont un peu moins grasses et ont une couleur plus claire. Cela va dans le sens des attentes des consommateurs qui sont demandeurs d’une viande blanche pour ce type de produit. Les qualités sensorielles de la viande, analysées en laboratoire par un jury d’experts, ne sont pas différentes entre les trois modalités d’allaitement. La viande de chevreau léger a un goût assez peu marqué et n’a pas de problème majeur de tendreté.
Par ailleurs, elle dispose d’atouts nutritionnels : le chevreau est une viande maigre (teneur en lipides de 1,3 g/100 g de viande), riche en protéines (20,6 %), en fer (0,9 mg/100 g), en zinc (2,5 mg/100 g) et en vitamine B12 (0,6 µg/100 g). Pour cette dernière, une différence entre les trois lots est observée : les viandes des chevreaux recevant l’aliment à 0 % de poudre de lait écrémé présentent des teneurs plus élevées (0,9 µg/100 g) que celles des deux autres lots (0,5 µg/100 g), en lien avec la supplémentation en vitamine B12 de cet aliment.
De la viande de chevreau de meilleure qualité nutritionnelle
La présence d’oméga 3 dans les aliments d’allaitement tend à améliorer la qualité nutritionnelle des viandes. Les ratios oméga 6/oméga 3 sont nettement améliorés en atteignant la valeur de 11, contre 90 pour les ratios issus de l’essai ValCabri 2019. Un ratio du même ordre est également observé pour le lait maternel où il n’y a pas d’ajout d’oméga 3. La luzerne et le concentré (à base de colza) distribués aux chèvres sont toutefois sources naturelles d’oméga 3 et peuvent expliquer ce résultat. La valeur d'objectif recommandée par l’Anses pour un aliment équilibré est de 5.
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