Le lifting séduit les femmes dès 40 ans, avec la promesse de mieux vieillir
Madame Figaro. - Pourquoi ce regain d'intérêt pour le lifting ?Docteur Benjamin Pulvermacker. - On ne peut pas opposer médecine et chirurgie esthétique car beaucoup d'actes sont complémentaires mais à partir d'un certain degré de relâchement, une chirurgie bien faite au bon moment donne un résultat plus naturel et harmonieux qu'un excès d'injections. Mais il est vrai que lifting frontal, très lourd, a perdu 90 % de ses indications grâce à la toxine botulique, une procédure beaucoup plus light et tout aussi efficace.
Que veulent les femmes ?Elles viennent beaucoup plus tôt qu’avant. Pas pour retrouver la tête de leurs 20 ans mais juste se sentir en accord avec elles-mêmes. Elles sont très actives, dynamiques, avec une mentalité jeune et elles désirent que les autres les voient comme elles se sentent. Elles ne recherchent pas la jouvence éternelle. Elles ont juste envie de bien vieillir. Il y a aussi de moins en moins de tabous. Elles en parlent beaucoup entre elles. La chirurgie n’est pas une médecine superficielle. Cela n’a rien de facile de se faire opérer. Il faut être courageuse. Cela reste une aventure, jamais anodine. Ce sont les compagnons (et les fils) qui, eux, se montrent les plus réticents. Ils ont peur que leur femme (ou leur mère) devienne une caricature. On doit souvent les rassurer !
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Quel est le moment idéal pour se faire lifter ?Il est différent pour chacune. En moyenne autour de la cinquantaine mais je vois de plus en plus de femmes dès 40 ans. Beaucoup préfèrent ne pas attendre que le relâchement soit trop important pour agir. Elles ne veulent pas une différence trop flagrante entre l’avant et l’après. Juste une continuité douce. C’est d’ailleurs comme ça qu’on obtient les meilleurs résultats. Souvent, le déclic vient du cou alors que les hommes, eux, commencent par les yeux.
Et un âge limite ?Il dépend avant tout de l’état général de la personne et des contre-indications à l’anesthésie. Sinon, rien n’empêche de faire deux ou trois liftings dans sa vie…
La technique a-t-elle beaucoup évolué ?On travaille à la fois sur la peau, les muscles et ce qu’on appelle les parties molles, les tissus graisseux sous-cutanés. Surtout, on s’adapte au cas par cas. Aujourd’hui, on peut vraiment parler de lifting sur mesure. On ne réinvente pas la chirurgie à chaque patiente mais on fait un peu plus de tension d’un côté que de l’autre, on joue un peu plus sur la peau, les muscles… pour une autre, on fait une liposuccion du cou… Tous les visages sont asymétriques et cela s’accentue avec l’âge… On rétablit aussi l’harmonie en ajoutant un petit peu de graisse. Ce qu’on appelle le lipofilling.
D’où vient cette graisse ?Elle est prélevée dans les cuisses, les hanches ou les genoux, purifiée, centrifugée et injectée avec des seringues et des canules ultrafines. C’est vraiment de l’ordre de la micro ou nano greffe. C’est plus naturel que l’acide hyaluronique et sans risque de réaction indésirable. On peut aussi l’injecter dans les paupières creuses ou une vallée des larmes un peu trop marquée. Parfois, on opère aussi les paupières en même temps. Il ne faut pas créer de dysharmonie. Si on a un bel ovale bien défini et des poches ou un air très fatigué, c’est dommage. La blépharoplastie se fait, elle aussi, de plus en plus légère et conservatrice. On enlève le moins possible de peau pour éviter l’œil rond. Le but n’est surtout pas de transformer la personne ou que tout le monde se ressemble mais de donner la meilleure version d’elle-même. On essaie d’être le plus efficace en étant le moins invasif. C’est aussi la garantie d’avoir des suites opératoires plus simples.
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Justement, ces suites ? Les cicatrices ?La plupart de mes patientes travaillent beaucoup et me donnent une quinzaine de jours pour que tout soit terminé. Les cicatrices sont de plus en plus discrètes, cachées dans les endroits chevelus ou dans le tragus, le relief de cartilage de l’oreille (devant ou derrière).
Comment ça se passe concrètement ?On reste une nuit en clinique. Dès le lendemain, on enlève le bandage et on sort avec des soins à faire à la maison (pommade grasse). L’ablation des fils a lieu entre 8 et 10 jours après l’intervention. Bien sûr, il y a toujours des bleus et des œdèmes qui descendent souvent vers le décolleté jusqu’à 8/10 jours après mais tout est camouflable au bout de deux à trois semaines. Ce qui marque le plus, c’est quand on fait les paupières en même temps. Les hématomes postopératoires et les infections sont de plus en rares et les troubles de la cicatrisation peuvent être corrigés quelques mois après sous anesthésie locale. De toute façon, l’arrêt du tabac est vivement recommandé quatre semaines avant et après. Beaucoup en profitent pour arrêter de fumer. La nicotine altère non seulement la cicatrisation mais influe sur le résultat à long terme.
Combien de temps, ça dure ?Globalement, on décale le curseur du vieillissement d’une dizaine d’années. Après, ça dépend de l’hygiène de vie, des soins… Plus la peau est fine, plus les cicatrices seront discrètes et le résultat impressionnant. On en fait toujours moins sur les femmes un peu rondes dont le visage se relâche moins mais sur une peau épaisse, moins plastique, les cicatrices se voient plus.
Comment choisir son chirurgien ?Rien ne remplace le bouche-à-oreille. De toute façon, on fait toujours plusieurs consultations avant l’intervention pour s’assurer que l’attente de la patiente est bien conforme à ce qu’on peut lui offrir. On conseille généralement de consulter deux praticiens de bonne réputation mais d’éviter le nomadisme médical. Ce qui fait la différence, c’est le feeling. Il faut se sentir comprise, en confiance, en sécurité. Et s’assurer que si quelque chose cloche, il sera là.