Lorie Pester interpelle Emmanuel Macron : "Laissez-nous congeler nos ovocytes"

Lorie Pester a dévoilé il y a quelques semaines être atteinte d'endométriose et avoir congelé ses ovocytes en Espagne. Dans le Huffington Post, elle a publié le jeudi 18 octobre 2018 une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, pour que lui et le gouvernement élargissent enfin l'accès à l'autoconservation d'ovocytes. Son appel a lieu après que le Comité Consultatif National d'Ethique s'est exprimé en faveur de cette procédure.

"Nous sommes des milliers à nourrir cet espoir ardent de donner la vie. [...] Il est temps que le gouvernement entende notre appel et nous extirpe de ce dilemme qui nous contraint à enfreindre la loi pour donner la vie car c'est bien de cela dont il s'agit", explique la chanteuse et comédienne. En France, la congélation ovocytaire est autorisée dans le cadre de dons, mais aussi en autoconservation en cas de maladies graves, comme un cancer ou l'endométriose. Sauf qu'il y a une nuance, explique Lorie Pester : "Je souffre d'endométriose mais pas assez sévèrement pour que mon pays accompagne mon désir de grossesse. Comme une femme sur dix en France, je crains de ne jamais pouvoir devenir mère, alors s'entendre dire que cette évolution relèverait du "confort" est inacceptable et incompréhensible". Selon elle, la loi actuelle pousse les femmes dans la même situation qu'elle à prendre "des décisions extrêmes". Elle ajoute : "Cette loi me pèse, nous pèse, lourdement, au quotidien. Elle est source de souffrances psychologiques qui s'ajoutent à celles causées par la maladie elle-même".

Congeler ses ovocytes à l'étranger, un choix que toutes les femmes ne peuvent pas faire

Qu'elles soient atteintes d'endométriose ou d'autres maladies, ou pas, toutes les femmes devraient avoir la possibilité de congeler leurs ovocytes, explique Lorie Pester. "Si l'on m'avait dit qu'à 25 ans la probabilité d'avoir un enfant par cycle était de 25%, de 12% à 35 ans et de 6% à 40 ans, j'aurais mis toutes les chances de mon côté, en congelant mes ovocytes. Plus jeune, je voulais être mère à 27 ans, comme mes parents. Je trouvais l'écart parfait mais il n'en a pas été ainsi. Aujourd'hui je suis prête mais l'endométriose m'en empêche et le droit me l'interdit", affirme-t-elle. Elle ajoute : "La responsabilité incomberait à chacune de prendre "ses dispositions" pour satisfaire son projet de maternité avant l'échéance fatale. Si comme moi le mal qui vous ronge n'est pas assez sévère aux yeux de la loi ; si vous êtes célibataire, âgée de 35 ans. Si vous n'avez pas rencontré le partenaire idéal et avez fait le choix de saisir des opportunités professionnelles. Armez-vous de courage."

Lorie souligne par ailleurs que cette "responsabilité" incombe d'une injustice. "J'ai eu la chance d'aller pouvoir congeler mes ovocytes en Espagne. Mais il y a plein de femmes qui ne peuvent pas le faire parce que ça coûte cher et parce qu'elles ne savent pas où aller", déclare-t-elle à Europe 1.

La conservation de gamètes, une inégalité entre les femmes et les hommes

Pour Lorie Pester, il y a une inégalité entre les femmes et les hommes en ce qui concerne la conservation de gamètes. "Les consciences se réveillent timidement mais les Françaises n'ont toujours pas le droit de disposer de leur corps", écrit-elle dans sa lettre ouverte. Elle explique que les femmes sont soumises à une loi très stricte pour conserver leurs ovocytes, ce qui les pousse soit à devoir partir à l'étranger, soit à mettre de côté l'idée d'être mère. Pourtant, pour les hommes, conserver leur sperme est beaucoup plus facile, dit-elle à Europe 1 : "J'ai été très surprise de voir que les hommes pouvaient congeler leurs spermatozoïdes avec une simple ordonnance. Ça m'a un peu fâchée parce qu'on essaye de se battre contre cette inégalité et sur ce point-là, on en est loin". Elle termine son texte en s'adressant directement à Emmanuel Macron et à son gouvernement : "Je me suis juré [...] d'embrasser ce combat pour que notre pays, sans plus attendre, soit à la hauteur de ce rendez-vous avec ses citoyennes. Monsieur le Président, au nom de toutes ces femmes injustement discriminées dans notre pays, je vous implore de joindre les actes à la parole".