La Prospérité Fermière : 1200 éleveurs nordistes font la poudre de lait mondialisée
Et ça dure depuis 70 ans cette année. En 1949, Pierre-Mendès France s’apprêtait à dire aux Français sortis de la guerre de boire du lait, beaucoup de lait, premier aliment de la vie, celui des mamans... et des vaches. Il y en a justement quelques unes au 51 avenue Fernand-Lobbedez à Arras. Une cinquantaine d’éleveurs y travaillent pour la beurrerie de la Prospérité, qui va devenir la Prospérité Fermière,un groupement de 1 200 éleveurs des régions de Saint-Pol-sur-Ternoise, d’Arras et de Boulogne-sur-Mer. Et alors ?
Ces éleveurs élisent quinze de leurs pairs en conseil d’administration aujourd’hui présidé par Serge Capron, 55 Holstein en polyculture à Rebreuve-sur-Canche.
Ce conseil va fixer un prix du lait correct pour tout le monde (360€ les mille litres cet été) et organiser la collecte pour une transformation du lait dans l’usine de Saint-Pol. Un fleuve de lait. Plus de 420 millions de litres chaque année qui se retrouveront en poudre non pas pour les grandes surfaces, mais pour des compléments alimentaires sur la nutrition (lire ci-dessous) ou pour l’ensemble des géants de l’agroalimentaire dans 120 pays.
Protéines juteuses
D’un côté, donc, une usine qui travaille sur les 2 000 molécules du lait, des petites merveilles qui fileront après séchage en poudre dans le chocolat et tous les produits laitiers. De l’autre un grand laboratoire depuis 1991, Ingredia à Arras, avenue Lobbedez, qui cherche jour après jour d’autres molécules miracle pour de futurs « alicaments », des micro-doses mais à valeur macro. « L’hyperdifférenciation est notre avantage et notre modèle de développement », résume Sandrine Delory, directrice générale de la coopérative et d’Ingredia.
La Prosperité Fermière est leader européen, troisième mondiale derrière deux mastodontes en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis. Elle dispose d’ailleurs d’une usine dans l’Ohio et d’un bureau à Singapour.
Une production très locale qui maintient « une ambiance laitière » sur un territoire, avec des débouchés à l’étranger pour 60 % des 400 M€ de chiffre d’affaires: ce modèle économique fait ses preuves. En cas de crise du lait, la Prospérité soutient ses éleveurs. En sortie de crise, elle peut réinvestir pour innover, faire de la recherche. Le lait de chèvre est collecté depuis l’an dernier, elle est la première à le faire en région. On cherche aussi des éleveurs bio. Le fleuve de lait ne tarit pas.
Du lait anti stress, anti diabète, anti...Le lait est en crise, elle est gravissime dans les années 80. C’est à cette époque de tourments sur les marchés que la Prospérité Fermière décide d’investir sensiblement dans la recherche. Question de survie, succès garanti. Il y a 20 ans est découverte une molécule anti stress. « On s’est aperçu que le premier lait, le colostrum, possédait une protéine qui rendait les bébés zen », raconte Sandrine Delory. Le Lactium est alors vendu sans prescription médicale, il permet, dit-on, de moins grossir, de mieux dormir...
C’est le début d’une diversification de l’activité en faveur de la nutrition-santé par la vente d’alicaments, les aliments médicaments. La R&D rerésente aujourd’hui 10 % de l’effectif global de la Prospérité Fermière, et près de 5 M€ sont investis chaque année dans la recherche.
Tous les profils nutritionnels sont ciblés, des alicaments pour les sportifs, les personnes âgées, les obèses. La Lactoferrine est une protéine très riche en fer et – dernière innovation majeure en vente depuis cette année – le Pep 2 dia permet de prévenir le diabète de type 2.
Poursuivez votre lecture sur ce(s) sujet(s) :Industries de transformation|Agriculture|Saint-Pol-sur-Ternoise (62130, Pas-de-Calais)|Ingredia