La chronique du Concierge Masqué : Madame Claude, mac pro | Vanity Fair LargeChevron Menu Close Facebook Twitter Instagram Pinterest Facebook Twitter Email Facebook Twitter Email Facebook Twitter Instagram Pinterest LargeChevron
À sa sortie, Madame Claude était interdit aux mineurs. Je me souviens l’avoir vu en cachette dans un grand cinéma de l’avenue Bosquet. À l’époque, on était tous toqués de Dayle Haddon, l’autre star du film. Venue du Canada, elle posait en couverture de tous les magazines, Elle, Vogue, etc… J’avais tapissé la porte de ma chambre de ses photos de mode. Splendide. Et phantasmante.
On l’avait déjà vue – toujours en cachette – dans Spermula, le film-scandale de Charles Matton, sorti en 1976. La suite de sa courte ciné-carrière passera par La Crime de Philippe Labro, entourée de Brasseur-Brialy-Trintignant, face à une autre canadienne, la blonde Gabrielle Lazure, par Paroles et Musiques (Élie Chouraqui) et un autre film avec Jaeckin, passé aux oubliettes, Le dernier amant romantique. Figure mondiale pour Age Perfect L’Oreal, aujourd’hui très impliquée dans le caritatif, Dayle Haddon aurait dû être Dale Arden dans le Flash Gordon de 1980, remplacée du jour au lendemain par le producteur Dino de Laurentiis par Melody Anderson, une autre canadienne, mais inconnue et qui ne fera rien de sa mauvaise carrière. Ne pas chercher plus loin pourquoi Flash Gordon a pété en vol et fait un flop, na !
Un autre top-model historique jouait un rôle important dans Madame Claude : la Danoise Vibeke Knudsen. Sa photo en smoking YSL signée Helmut Newton en 1975, c’est elle. La suite au cinéma se résumera à un petit rôle dans Le corps de mon ennemi, hôtesse du délirant night club Number One tenu par Belmondo et à une panouille dans Attention les yeux ! où s’agitait un autre top-model alors inconnu : Grace Jones.
On raconte que, tellement contente du film, la vraie Madame Claude enverra en cadeau une de ses filles à Just Jaeckin. On raconte beaucoup de choses. Considéré comme un nanar de luxe, Madame Claude ne l’est pas tant que ça, inscrit dans une époque et une esthétique. L'affiche, déjà : une fille nue en fourrure lovée dans l'immense fauteuil pivotant Elda de Joe Colombo, cuir rouge de rigueur. On avait vu le même, cuir noir, dans Hibernatus. L’intrigue sinue entre laques noires glossy, papiers-peints ondulants et argentés, verre fumé, seins nus, marbres, laiton, coussins soyeux, velours, luminaires pop tardifs et art contemporain. Sans oublier les canapés jonchés de fourrures et de corps partouzards. Dans le film, Madame Claude habite au Régina, le palace de la rue de Rivoli. Sa garde-robe est fournie par Milanka. Celle de Dayle Haddon par Renata. Maurice Ronet est vêtu par Smalto et Jane Birkin chante Yesterday Yes a Day de Gainsbourg qui a signé la B.O. Au générique de fin, on remercie Jean-Charles Brosseau pour les chapeaux, La Bagagerie pour les sacs, J.Yver pour les fourrures et Frangeul pour les bijoux. C’est moi, où ça sent la production fauchée ? Toujours est-il que nanar ou pas, Madame Claude de Just Jaeckin a fait l’objet d’une récente restauration et qu’en juillet 2018, il figurait au programme de la Cinémathèque Française, projeté dans le cadre de l’Hommage à Françoise Fabian dont la filmo aligne classiques et chefs d’œuvre. Preuve que Madame Claude n’était pas si mauvais.