Quel est le lait (végétal ou animal) le plus écologique ?
Quel lait est le plus écologique ? Faut-il choisir le lait de vache, le lait de soja, le lait d’amande ou encore le lait de coco ou le lait de riz ? Voyons quel lait est le meilleur (ou le pire) pour l’environnement.
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Le lait est un aliment extrêmement répandu dans les régimes alimentairacidifies occidentaux notamment. En France, en moyenne on consomme 50 litres de lait par an. Soit environ une bouteille par semaine par personne. Compte tenu de cette forte consommation, il peut en effet être intéressant de savoir quelle est l’alternative la plus écologique entre le lait de vache classique, les autres laits animaux (chèvre, brebis…) et les laits végétaux (amande, soja, coco ou riz par exemple).
Alors, quel lait a les plus gros impacts sur l’environnement ? Voyons ce que disent les scientifiques à ce sujet.
Quel lait est le plus écologique : quelques éléments pour comprendre
Plusieurs études ont été faites pour comparer les empreintes écologiques de différentes formes de lait. On appelle ces études des ACV ou Analyses de Cycle de Vie. Leur but : évaluer les impacts environnementaux d’un produit ou d’un service, de la phase initiale de sa production jusqu’à sa fin de vie. Le problème c’est qu’aucune étude n’a apparemment été menée pour comparer en même temps tous les types de laits. En gros, il existe une étude qui compare le lait d’amande au lait de vache, une autre qui compare le lait de coco aux autres laits végétaux, une autre étude qui compare le lait de soja au lait de vache. Certaines études ont comparé l’empreinte écologique des produits laitiers issus du lait de chèvre par rapport à ceux du lait de vache ou de brebis. Mais aucune étude n’a comparé tous ces éléments en même temps.
Or chacune de ces études ou ACV se base sur des hypothèses et des protocoles différents, il est donc difficile de les comparer entre elles. Toutefois, en se basant sur leurs résultats, on peut tirer des conclusions générales qui donnent une idée de l’empreinte écologique des différents types de lait.
Tous les laits ont une forte empreinte écologique
Que disent alors ces études ? Voyons les comparaisons type de lait par type de lait.
Lait de soja ou lait de vache ?
Une étude a été menée par un groupe de chercheurs suédois pour comparer les ACV (Analyses de Cycle de Vie) de la production de lait de vache industriel classique à celles la production de lait de soja de la marque Alpro, produit en Belgique. Les résultats de l’étude montre que, contrairement à une idée répandue, il n’y a pas de réponse tranchée à la question de savoir si le lait de soja est plus écologique que le lait de vache.
Ainsi, l’étude conclut que « Les laits issus de soja ont un impact environnemental direct supérieur (notamment à cause de la dégradation des sols à la déforestation), tandis que le lait de vache peut en retour avoir des impacts de long terme plus importants sur des aspects comme le réchauffement climatique, l’acidification des océans et l’eutrophication« . Ce résultat montre surtout qu’en réalité, chaque lait a des impacts différents sur des problèmes différents. Autre point à noter, l’étude compare deux types de production assez différents : d’un côté un lait de vache classique, issu de l’agriculture industrielle, de l’autre un lait de soja relativement durable, produit en Europe, à base de soja non-OGM. Une comparaison avec un lait de vache bio issu de l’agriculture durable, ou avec un lait de soja issu de cultures brésiliennes, aurait sans doute donné des résultats différents.
Lait de vache ou lait d’amande ?
Concernant le lait d’amande, une étude a fait la comparaison, également avec du lait de vache industriel classique. Les résultats, là encore, sont plutôt partagés. En effet, l’étude note que si l’impact carbone du lait d’amande semble très inférieur à celui du lait de vache (0.36 kg / L pour le lait d’amande, 1.6 kg / L pour le lait de vache), l’impact sur la ressource en eau est près de 20 fois supérieur pour le lait d’amande que pour le lait de vache. En résumé : sur l’un des impacts, le lait d’amande sera meilleur, sur l’autre ce sera le lait de vache. Le problème, c’est que les amandiers nécessitent beaucoup de soleil, peu de froid, et un air sec pour pousser, ce qui oblige à les cultiver dans des régions particulièrement chaudes (Espagne, Californie, Turquie, Maroc…), où l’impact sur la ressource en eau peut être un vrai défi.
L’autre problème du lait d’amande est qu’il entraîne la perte d’une grande partie des nutriments de l’amande. En effet, une fois le lait d’amande produit, les industriels se retrouvent avec une « pulpe d’amande » difficilement valorisable, qui contient pourtant des fibres et d’autres nutriments utiles.
Lait de coco, lait d’amande, ou lait de soja ?
Une troisième étude, commandée par un producteur de laits végétaux issus de noix, démontre que le lait de coco et le lait d’amande ont un impact carbone inférieur à celui du lait de soja. Mais les autres impacts environnementaux (impact sur l’eau, sur les sols, sur la déforestation) n’ont pas été pris en compte dans l’étude, difficile donc d’en tirer une conclusion définitive. D’autant que l’étude complète est désormais inaccessible.
Et le lait de riz, ou les autres laits animaux (lait de chèvre, lait de brebis ?)
Enfin, il faudrait encore analyser les autres alternatives au lait : lait de riz, lait de chèvre, lait de brebis, voire lait de chanvre ou encore lait de pois… Concernant le lait de riz, il semble difficile de trouver une étude qui quantifie ses impacts environnementaux. Néanmoins, on sait que le riz a d’importants impacts sur l’environnement. Ainsi, une étude menée sur les émissions de gaz à effet de serre des cultures de riz montre que le riz pourrait bien être la plus grosse source d’émissions de méthane au monde, devant les ruminants et l’élevage. On peut donc supposer que le lait de riz a un impact environnemental plutôt élevé.
Concernant les autres laits animaux comme le lait de chèvre, de brebis, ou encore d’ânesse ou de chamelle (oui, ça existe), leur consommation étant relativement anecdotique, il semble également difficile de trouver des informations scientifiques sur le sujet. En revanche, une étude menée sur les fromages issus de différents laits animaux montre que les fromages de chèvre auraient un impact environnemental équivalent à celui du lait de vache, et que le lait de brebis serait quant à lui encore plus polluant. On peut donc supposer que la production de lait suit à peu près les mêmes courbes.
Lait le plus écologique : et si c’était tout simplement une question de production ?
Au final, difficile de donner une réponse unique à la question de savoir quel lait est le plus écologique. On le voit, chaque lait a des impacts importants mais spécifiques sur l’environnement. Certains émettront plus de gaz à effet de serre, d’autres contribueront plutôt à la déforestation et d’autres encore pèseront sur la ressource en eau.
Dans tous les cas, le facteur le plus important dans la détermination de l’impact environnemental ne semble pas être réellement le type de lait (végétal ou animal, soja ou amande) mais bien le type de production. Par exemple, une étude a montré que l’on pouvait réduire significativement l’empreinte carbone du lait de vache en passant à un élevage durable basé sur le pâturage. C’est logique : si les vaches sont nourries à l’herbe plutôt qu’avec des céréales, du soja et des oléagineux, l’ensemble des impacts environnementaux liés à la production de la nourriture des ruminants disparaît. Et au contraire, cela permet d’améliorer le stockage de carbone dans le sol. De la même façon, une étude a montré que nourrir les vaches à l’herbe diminuait la production de méthane liée à la fermentation entérique.
Concernant les laits végétaux, c’est la même chose : si l’impact du lait d’amande sur l’eau est si fort, c’est que les amandes Californiennes (qui constituent la majorité de la production mondiale) sont cultivées en monoculture industrielle avec des systèmes d’irrigation non soutenables. Le passage à des formes plus durables d’agro-écologie pourraient permettre de réduire cet impact.
Au final, quel que soit le lait étudié, si la production est industrielle, en monoculture, et si elle ne se base pas sur des principes inspirés de l’agro-écologie (voir la définition de l’agro-écologie), les impacts environnementaux seront importants. Dans ce contexte, le meilleur choix que l’on puisse faire pour choisir un lait écologique, c’est d’abord d’en consommer moins (ou plus raisonnablement) et ensuite de choisir des laits végétaux ou animaux issus de production durables.
Lait végétaux, laits animaux : pourquoi il ne faut pas les opposer ?
Enfin, l’opposition entre lait animal et lait végétal est très souvent artificielle. En effet, ces différents « laits » n’ont pas les mêmes usages pour les mêmes personnes. Les laits de vache ne contiennent pas les mêmes nutriments que les laits végétaux, qui eux même n’ont pas entre eux les mêmes qualités. Ainsi, si les laits de vache et de soja sont relativement riches en protéines, ce n’est pas le cas du lait d’amande ou du lait de riz. Le lait de soja est riche en fer, ce qui n’est pas le cas du lait de vache. Le lait de coco est riche en acides gras saturés, contrairement au lait de soja. Les taux de calcium varient également beaucoup entre les différents types de laits. De plus, les laits végétaux sont très utiles lorsque des personnes intolérantes au lactose désirent trouver des alternatives, alors que d’autres consommateurs tolèreront très bien le lait de vache.
Mais surtout, en termes de production, l’opposition entre laits animaux et végétaux n’a pas de sens. Ainsi, la production de lait de soja contribue bien souvent à alimenter la production de lait de vache. En effet, les résidus de pulpe de soja issus de la production de lait de soja sont très souvent utilisés dans la nourriture du bétail… qui produit à son tour du lait de vache. Autrement dit, ces différentes productions de lait peuvent se valoriser entre elles dans le cadre d’une forme d’économie circulaire.
Il n’y a donc pas vraiment lieu de faire des choix tranchés : les différents types de lait peuvent co-exister, et chacun apporter leurs avantages écologiques s’ils sont produits de façon durable. C’est là le principal challenge car aujourd’hui, pour soutenir la demande, les producteurs sont contraints d’adopter des modes de production souvent peu écologiques. Seule solution : réduire sa consommation.