Stimuler la lactation avec les tisanes d'allaitement, ça marche vraiment ?
Si l'allaitement est un geste naturel, c'est loin d'être inné. "Alors que 70% des mères allaitent à la sortie de la maternité, les chiffres montrent que la durée moyenne de l'allaitement n'est que de 3 semaines", s'indigne Charlotte Redon, sage-femme et conseillère en lactation. Une des raisons principales de l'arrêt ? Une sécrétion lactée insuffisante, souvent due à des mauvaises pratiques, à des informations erronées reçues par les jeunes mamans. Un bébé qui reprend du poids un peu trop lentement, l'impression de ne pas avoir suffisamment de lait, les jeunes mamans cherchent des coups de pouce pour stimuler leur lactation. Les tisanes d'allaitement peuvent-elles vraiment aider ?
Les tisanes d'allaitement, un soutien à l'effet limité
Certaines plantes sont utilisées traditionnellement pour leurs vertus galactogènes. Ces remèdes ont traversé les siècles. C'est le cas par exemple du fenugrec, une épice que l'on peut prendre en infusion ou en gélules. D'autres plantes auraient également des effets bénéfiques sur la stimulation de la production de lait comme le galéga, le chardon-marie, l'anis, les graines de fenouil, le basilic. Dans le commerce, les infusions se présentent généralement sous forme de mélange de plusieurs plantes. "C'est souvent ces associations que je suggère ", explique Célia Dos Santos, auxiliaire puéricultrice et conseillère en lactation. "Les femmes peuvent en boire trois grands mugs (l'équivalent d'un litre) dans la journée. En gélule, on peut aussi faire des associations comme fenugrec et chardon-marie, deux gélules de chaque 3 à 4 fois par 24h." Les résultats sont fluctuants. "Certaines jeunes mamans ne constatent pas d'amélioration tandis que d'autres voient vraiment une différence", constate la conseillère en lactation. A chacune de tester et de se faire son opinion en quelques jours. Si les tisanes ont l'avantage d'assurer une hydratation suffisante, selon Célia Dos Santos, les femmes qui allaitent ont naturellement soif.
Des erreurs fréquentes à corriger
Mais attention, il ne faut pas considérer ces tisanes comme des potions miracles. Derrière un manque de lait se cachent souvent des problèmes liés à l'allaitement. Mauvaise position, rythme pas adapté, quand professionnels de santé et entourage y vont de leur conseil, le message se brouille dans la tête des jeunes mamans et nuit à la production de lait.
- "Les jeunes mamans cherchent beaucoup d'informations et essaient de se caler sur un planning qui les rassure", constate Célia Dos Santos. Mais quand un médecin conseille 10 minutes sur chaque sein toutes les 3 à 4 heures, c'est là que l'on se retrouve avec des allaitements qui ne sont pas corrects. Toutes les femmes n'ont pas les mêmes seins, les mêmes glandes mammaires, les mêmes bébés. La mère doit s'ajuster au besoin de son bébé."
- Un allaitement à la demande ? Ce terme n'est pas toujours bien compris. "Il ne faut pas attendre que le bébé pleure pour lui donner mais guetter ses signes d'éveil, ses mimiques", continue la spécialiste.
- Lui donner la tétine pour le faire patienter peut également nuire à l'allaitement. "Certaines glandes mammaires sont plus petites, le bébé demande plus souvent car il sait ce dont il a besoin", ajoute la conseillère en lactation.
- Certains pédiatres recommandent également de ne plus lui donner la nuit passé les premiers mois. "Cela peut amorcer un début de sevrage", décrypte Célia Dos Santos. "On peut demander l'avis d'une conseillère en lactation." Attention aussi au fameux biberon de complément parfois conseillé par les pédiatres quand le bébé ne prend pas suffisamment de poids. Le bébé tète alors de moins en moins ce qui peut conduire à l'échec de l'allaitement.
- Autre frein à l'allaitement : la douleur. Des crevasses se forment, souvent en raison d'une mauvaise position du bébé, "On constate que le bébé n'ouvre pas suffisamment la bouche", explique Célia Dos Santos. Pour se faire conseiller sur l'allaitement et sur les positions, il est important de se tourner vers des spécialistes, conseillères en lactation, sages-femmes ou vers des associations comme la Leche league, ou Solidarilait.
Un allié méconnu : le moringa
Charlotte Redon, sage-femme et conseillère en lactation, a constaté les effets d'un produit très efficace pour stimuler la lactation : le moringa. La poudre des feuilles de cet arbre originaire d'Inde est considérée comme un superaliment.
"Pour stimuler la production de lait, il est indispensable en tout premier lieu d’assurer un drainage efficace des seins. On remarque qu'en prenant du moringa, la remontée se fait plus rapidement", explique la sage-femme. Le bon dosage : trois cuillerées à café par jour, matin, midi et soir pendant 15 jours à trois semaines. Les effets se font rapidement sentir.
Ce super aliment a également l'avantage d'être adapté en post-partum pour lutter contre la fatigue et les carences, notamment en cas d'hémorragie de la délivrance. Le moringa est riche en fer et en magnesium. S'il est responsable de désordres intestinaux (diarrhées, crampes), il convient de diminuer les doses.
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