La Roque-d'Anthéron - Éleveuse d'agneaux bio : "Les vacances ? Connais pas !"
Faire parler Chrislaine Alazard, c'est un peu comme lui demander de prendre des vacances. Mission quasi impossible ! Cette jeune femme de 41 ans n'a pas le temps pour les bavardages. Entre ses bêtes et sa production de céréales bio, elle n'a pas le temps de chômer.
Cette insatiable travailleuse a toujours baigné dans le monde de l'élevage ovin puisque ses parents possédaient un cheptel de moutons à Eygalières. Au départ, pas très fan de ce métier - elle voit ses parents bosser sept jours sur sept -, elle commence à l'apprécier en donnant des coups de main à sa famille de temps en temps. "Et puis, reconnaît-elle, je n'étais pas faite pour les études. L'école, à dire vrai, ça me gonflait !".
Bon an mal an, elle apprend à aimer ce métier. Elle travaille à plein temps sur l'exploitation de ses parents pendant 3-4 ans avant de se décider à chercher un lieu pour installer sa propre exploitation avec ses convictions propres. Elle acquiert 100 hectares à la Roque d'Anthéron en 2003.
Six ans après, elle sent le vent tourner et les demandes exploser. Elle décide de convertir son exploitation en bio. Sur les 100 hectares, 20 sont consacrés à la production des céréales bio qu'elle produit elle-même. Du bio ok mais aussi un circuit court pour une parfaite traçabilité. "Je veux respecter l'environnement et surtout respecter les personnes que je nourris", insiste-t-elle.
How to Identify Aluminum Wiring—And What to Do About It [Video] https://t.co/51hX7e4CXW
— BiggerPockets Mon Jan 08 21:30:01 +0000 2018
Chrislaine a commencé avec 250 brebis avant d'atteindre son rythme de "croisière" de 650 à l'année. Les agneaux sont élevés sous la mère. Le troupeau est composé de 10 béliers Ile-de-France et plus de 600 brebis mérinos d'Arles. Ce nombre monte l'hiver jusqu'à 1200 quand Chrislaine Alazard accueille des brebis des montagnes venues pâturer chez elle. Car l'été, c'est l'inverse évidemment : les siennes montent dans les montagnes comme cela se fait depuis que le monde est monde.
Elles transhument dès le 15 juin en Savoie pendant que Chrislaine s'occupe, elle, à la Roque, du fourrage. À leur retour en octobre, c'est le moment de l'agnelage. "Un moment là aussi intense", prévient-elle. Et d'octobre à juin, les bêtes pâturent à l'extérieur. Les journées de Chrislaine en pleine saison : de 6 h à 21 h. Un métier sans répit et âpre : "C'est physique certes mais il faut surtout beaucoup de patience. Impossible de faire ce métier sans l'aimer sinon on ne tient pas une journée."
Son bonheur : vivre à l'extérieur, ne pas avoir de patron "même si on est quand même au final un esclave ! Je bosse 7 jours sur 7 et de ma vie, je n'ai jamais pris de vacances. Mais j'aime ce que je fais. C'est l'essentiel." Sans trop dévoiler de sa vie, elle évoque tout de même sa fille de 16 ans qu'elle n'a pas vu grandir. Les trois quarts de sa production sont vendus en circuit court (un quart part à un abattoir de Tarascon qui s'occupe de l'abattage et de la découpe) : à la ferme à Pâques et à Noël, dans les Amap (Association pour le maintien de l'agriculture paysanne), dans les magasins bio, dans des restaurants (notamment le château de Fonscolombe au Puy Sainte-Réparade), sur des marchés (celui des producteurs cet été à Lourmarin chaque mardi soir)...
Elle commercialise de la viande d'agneau bio sous forme de colis (en cassette ou sous-vide). L'été, elle propose aussi des merguez, saucisses, steaks hachés. "Je travaille aussi avec une entreprise artisanale de Fourques qui, à partir, de ma viande, fabrique des terrines, du navarin, des pieds et paquets cuisinés...". Dans l'avenir, elle espère aménager un atelier de découpe de viande et un magasin à la ferme.
Chrislaine Alazard, élevage ovin, quartier Silvacane, RD23 13640 La Roque d'Anthéron. 06 60 82 52 68.