Kenzo a trouvé son nouveau directeur artistique : le Japonais Nigo
Quelques mois après l'annonce du départ de Felipe Oliveira Baptista, on connaît le nom de son successeur à la tête des collections de Kenzo : il s'agit du Japonais Nigo. Connu des amateurs de streetwear pour sa marque A Bathing Ape, créée en 1993 et depuis devenue culte, il a récemment collaboré avec une autre maison du groupe LVMH, Louis Vuitton. En effet, Virgil Abloh, le directeur artistique des collections masculines de la maison, l'avait invité à créer avec lui LV2, une capsule inspirée des mods.
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Avec la nomination de Nigo, LVMH s'attache les services de l'un des pionniers du streetwear, dont les créations ont marqué les années 1990 et 2000. Son parcours n'est pas sans rappeler celui de Kenzo Takada (ils ont d'ailleurs suivi l'enseignement de la même école de mode, le fameux Bunka Fashion College). En effet, comme Takada a su transformer une échoppe parisienne en marque mondialement connue, Nigo a commencé sa carrière avec une petite boutique dans le quartier d'Harajuku à Tokyo. Avant de devenir l'une des figures du style hip-hop, habillant notamment de ces sweat-shirts à plusieurs centaines d'euros le mythique trio de producteurs The Neptunes, dont l'un des fondateurs n'est autre que Pharrell Williams, avec qui il a lancé les marques Billionaire Boys Club et Human Made. On lui doit également l'une des premières chaussures de collection, la Bapesta, une sorte de Air Force 1 de Nike détournée.
what up, looks like how to appear to have snow power. don't forget to wear a simple necklace with a sophisticated charm
— very knowledgeable Fri Aug 07 01:46:31 +0000 2015
De Swatch à Comme des Garçons
Véritable encyclopédie de la mode, il avait notamment ouvert ses archives à Virgil Abloh, qui y avait puisé de nombreuses idées pour leur collection commune, sortie l'an dernier. L'Américain confiait alors au Figaro : « Le travail de Nigo est l'un des chapitres les plus importants de l'histoire récente de la mode, et pas seulement dans le domaine de ce qu'on appelle le «streetwear». Sa marque prenait ses racines dans l'esthétique de la rue et l'élevait au rang de luxe, combinant les valeurs des maisons de luxe avec les aspirations des jeunes générations.» Il y a fort à parier que c'est cette capacité à jongler entre les différents registres de la mode contemporaine qui a fait pencher la balance en sa faveur, alors même que plusieurs noms (parmi lesquels ceux de Yoon Ambush, créatrice des bijoux de Dior Homme, et de Charaf Tajer, créateur de Casablanca) circulaient pour ce poste. Avec lui, la maison s'offre la capacité d'attirer une clientèle nouvelle, plus jeune, friande de collaborations. Un exercice auquel le créateur japonais, basé à Tokyo, est plus qu'habitué : il les a multipliées au cours de ses 30 ans de carrière, avec des créateurs pointus (Undercover, Comme des Garçons), des marques grand public (Swatch, Pepsi, Adidas) et des artistes reconnus (Kanye West, KAWS).
Cette nomination survient moins d'un an après la mort de Kenzo Takada, décédé des suites du Covid-19 en octobre dernier. Avec Jean Paul Gaultier et Thierry Mugler, il était devenu l'un des plus fameux créateurs des années 1980, plébiscité par des Françaises qui aimaient son vestiaire facile et coloré. Il avait cédé sa société de mode et de parfums au groupe LVMH en 1993, mais resta à la direction artistique jusqu'en 1999. Deux de ses anciens collaborateurs, Gilles Rosier et Roy Krejberg, prennent d'abord sa suite, avant d'être remplacés en 2003 par Antonio Marras. En 2011, le duo américain composé d'Humberto Leon et Carol Lim, fondateur du concept store Opening Ceremony, sont nommés à la tête des collections. Avec eux, Kenzo prend une dimension plus commerciale, dont le plus fameux exemple demeure les très populaires sweat-shirts à tête de tigre, que l'on a pu voir envahissant les rues. Après leur départ en 2019, la marque avait semble-t-il souhaité opérer un retour à une mode plus créative et audacieuse, incarné par Felipe Oliveira Baptista. Mais suite à la crise, le natif des Açores a quitté la maison en avril dernier.
Ce changement n'est pas le seul pour Kenzo, qui a également annoncé la nomination d'un nouveau directeur général, Sylvain Blanc. Passé par le Printemps et The Kooples, il était jusque-là directeur général de la marque de sous-vêtements Undiz. Il remplace Sylvie Colin, en poste depuis 2017.