Comment George Michael a convaincu les plus grands mannequins du monde à tourner dans le clip de « Freedom ! ‘90 »
En invitant les plus grands supermodels de la planète à prendre part au clip du tube « Freedom ! ‘90 », George Michael ne se doutait pas qu’il écrivait une page de l’histoire de la mode. Récit.
ParCapucine Tissot1990. Quatre ans à peine après s’être séparé du groupe à succès « Wham ! », George Michael dévoile son deuxième album en solo. Après « Faith », c’est au tour de « Listen Without Prejudice, Vol 1. » de voir le jour. Rencontrera-t-il le même succès que son prédécesseur, qui lui avait valu un Grammy Award en 1988 ? Si le chanteur l’espère, il n’a plus le courage d’en assurer la promotion. Après plusieurs années au centre de l’attention médiatique, il souhaite prendre ses distances avec la célébrité. Mais alors qu’il compte se faire le plus discret possible, sa maison de disques, Sony à l’époque, lui demande d’enregistrer les clips de ses nouveaux titres. Il refuse et s’apprête à embarquer dans un combat de longue haleine avec le géant américain lorsque la solution lui vient. Alors qu’il se balade dans la rue, il tombe nez à nez avec la couverture du magazine « Vogue », le numéro de janvier 1990. On y aperçoit cinq des plus grands supermodels de la planète, à savoir Naomi Campbell, Cindy Crawford, Christy Turlington, Linda Evangelista et Tatjana Patitz. Cette photographie en noir et blanc est signée Peter Lindbergh et deviendra l’une des photos les plus célèbres des mannequins stars. Et si à la place de se mettre en scène, George Michael les mettait à l’honneur dans « Freedom ! ‘90 » ? Elles chanteraient ainsi la chanson en playback, lui permettant de s’éclipser tout en assurant une belle visibilité au morceau.
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Un pari loin d’être gagné
Après avoir parlé du projet à sa maison de disques, George Michael part à la recherche des jeunes femmes. Une mission qui s’avère plus périlleuse que prévue, ces dernières étant très sollicitées et constamment en voyage à l’autre bout du monde. Il rencontrera néanmoins Naomi Campbell à Los Angeles, lors d’une soirée mondaine. « On m’a dit que si tu acceptais de tourner dans le clip, les autres suivraient. Qu’est-ce que je pourrais faire pour te convaincre ? », lui demande le chanteur. Amusée, celle que l’on surnomme « la panthère noire » fait remarquer que le tournage aurait lieu à Londres, alors qu’elles habitaient toutes aux États-Unis. Balayant l’information d’un revers de main, il lui donne rendez-vous dans la capitale anglaise quelques mois plus tard. Le top convainc d’abord Christy Turlington et Tajana Patitz, avant qu’elles ne finissent toutes par accepter la proposition.
La veille de l’enregistrement, Naomi Campbell est à Paris. « Certaines d’entre nous défilaient pour Thierry Mugler, se souvient-elle dans les pages du “New York Times”. Il avait vu les choses en grand en organisant cinq shows consécutifs avec 76 mannequins dans chacun d’entre eux. Le dernier s’est terminé vers 3 heures du matin. On a sauté dans un taxi pour faire nos valises et prendre le premier vol pour Londres. » Christy Turlington les rejoint quant à elle depuis Los Angeles. « C’est seulement dans la voiture, en route pour le studio, que j’ai écouté la chanson. En arrivant, je connaissais à peine les paroles ! ».
Un tournage glamour et sexy
Arrivées sur place, les jeunes femmes tourneront leur scène chacune leur tour. Elles seront filmées par David Fincher, réalisateur de « Seven » et « Fight Club », qui avait déjà collaboré avec Madonna pour les clips de « Vogue » et « Express Yourself ». Naomi Campbell apparaîtra ainsi dansant au rythme de la musique de son casque audio, Cindy Crawford nue dans une baignoire, Christy Turlington portant un drap blanc comme seul vêtement, Linda Evangelista pensive et mélancolique et Tatjana Patitz, chantant, cigarette à la main. Pendant le tournage, George Michael n’est jamais très loin. « Je me souviens que George était très timide, relate Christy Turlington auprès du magazine “ Rolling Stones” . Il était venu, seul, avec une casquette sur la tête. Il ne parlait pas beaucoup mais était très impliqué. J’étais un peu gênée d’oublier les paroles face à lui, mais dès que je ne me souvenais plus de certaines phrases, je baissais la tête pour qu’on ne puisse voir que mes yeux. Ça a marché ! »
« Mon meilleur souvenir est incontestablement le moment où George a essayé de m’apprendre à faire du playback. Je n’arrivais pas à m’empêcher de chanter, se souvient Linda Evangelista dans les pages de “V Magazine” . Il avait été très compréhensif. Il n’aura fallu que quelques heures pour que l’on commence à un peu trop s’amuser. Il y avait un peu trop de vin rouge sur le plateau ! À partir de ce jour, il est devenu l’un de mes amis les plus proches. »
Une référence pop culture
Vingt ans plus tard, le clip de « Freedom ! ‘90 » est toujours considéré comme un court-métrage culte, mettant en scène des icônes de mode au sommet de leur gloire. « Encore aujourd’hui, c’est la chose dont on me parle le plus, affirme Linda Evangelista à « Harper’s Bazaar ». J’ai pourtant fait des tonnes de couvertures de magazine, mais non, on me parle sans cesse du clip. C’est assez incroyable ! » « Cette chanson est devenue un classique, surenchérit Christy Turlington. Lorsque je suis quelque part et qu’elle est jouée, je sens tous les regards de la salle se tourner vers moi. » Inoubliable.