RGO chez le bébé : quels laits choisir et comment diversifier son alimentation ?
Les régurgitations du bébé se traitent principalement par une réassurance maternelle et par un lait épaissi ou un lait A.R. Quels laits choisir ? Faut-il éviter certains aliments lors de la diversification alimentaire ? Les réponses du DrMarc Bellaïche, gastro-pédiatre, du Dr Jean Lalau Keraly, pédiatre, et de Laure Mathis, ostéopathe.
Les régurgitations représentent un motif fréquent de consultations. Dans la plupart des cas il n’y a aucune raison de s’inquiéter. « Elles font partie des étapes de maturation normales du système digestif de l’enfant », rassure le Dr Marc Bellaïche, gastro-pédiatre, à l’hôpital Robert Debré (Paris). Elles commencent souvent à s’estomper lorsque l’enfant commence à tenir en position assise, vers six mois, puis disparaissent entre 12 et 15 mois.
Pourquoi bébé régurgite ?
L’estomac du nourrisson est tout petit : il a la taille d’une noisette à la naissance, d’une balle de golf à un mois. « Un bébé boit entre 130 et 150 ml par kilo de poids et par jour, explique le Dr Bellaïche. Si on transpose cela pour un poids d’adulte, cela reviendrait, pour ce dernier, s’il pèse 60 kg, à avaler 8 litres de liquide ! » On comprend donc vite pourquoi un bébé régurgite !
Pour que le nourrir se passe au mieux, voici donc les conseils à suivre que ce soit pour l’allaitement, les biberons ou la diversification alimentaire, tout en rassurant la maman toujours inquiète à juste titre.
Peut-on allaiter un bébé souffrant de régurgitations ?
Le lait maternel est le meilleur aliment pour la croissance du nourrisson, car il est 100 % adapté au ‘petit d’homme’. Il n’est donc pas question d’arrêter l’allaitement lorsqu’un nourrisson régurgite.
Une étude de 1992 montre que le lait maternel se digère plus vite et plus facilement que le lait infantile (source 1). Restant moins longtemps dans l’estomac, cela diminue le risque de reflux. Le pH gastrique après allaitement est également plus bas qu’après avoir absorbé un biberon de lait infantile, ce qui accélère également la vidange gastrique.
L’étude a également montré qu’il y a pratiquement deux fois moins de reflux dans les quatre heures qui suivent un allaitement qu’après une prise de biberon.
Dans quels cas faut-il ajouter un épaississant au lait maternel ?
Qu'est-ce que le réflexe d’éjection fort ?
Certaines mamans ont des jets de lait très importants. « C’est ce que l’on appelle le ‘REF’ ou réflexe d’éjection fort », précise Laure Mathis, ostéopathe. Ces jets puissants de lait qui arrivent dans la bouche de bébé peuvent favoriser les régurgitations. Que faire alors ? « Il suffit simplement de masser la poitrine avant d’allaiter, d’extraire le premier lait, avant de donner le sein à son bébé, explique l’ostéopathe. Il suffit, ensuite, de lui donner ce premier lait dans un biberon. »
Qu'est-ce qu'un épaississant pour lait ?
Ces mamans qui ont des jets de lait importants peuvent aussi se voir recommander de tirer leur lait et de l’épaissir avec un épaississant comme le Gélopectose, le Gumilk…
Qu’est-ce que c’est ? De l’amidon transformé de maïs. Il faut savoir que ces épaississants sont délicats à dissoudre dans le lait. Il faut donc bien les mélanger pour éviter les grumeaux.
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Le café, le thé, les épices, la menthe, la réglisse, les crudités, les oignons… favorisant les sécrétions acides de l’estomac, il est préférable de les limiter, voire de les supprimer.
Quels laits infantiles donner à bébé en cas de régurgitations ?
Plusieurs solutions sont possibles. « Il faut proposer au tout-petit la préparation lactée la plus adaptée possible », dit le Dr Marc Bellaïche, gastro-pédiatre. Si les recommandations préconisent un lait pré-épaissi, en pratique clinique, dans un premier temps, le médecin peut opérer un choix différent.
Les laits infantiles caprins
Ils ont un profil protéique assurant un meilleur confort digestif au nourrisson car les caséines du lait de chèvre forment un caillé plus lâche dans l’estomac ce qui permet une meilleure attaque par les enzymes digestives et une digestion plus facile. « Ces laits nécessitent moins d’étapes chimiques pour leur élaboration », précise le Dr Bellaïche. Mais attention, chaque lait a ses particularités, et il est préférable d’utiliser ceux ayant fait l’objet d’études cliniques
Quels laits choisir ? Capricare (lab. Pediact, seul lait ayant fait l’objet d’études cliniques), Capréa (Babybio), Prémichèvre (Prémibio), Lait pour nourrissons au lait de chèvre Holle Bio, Junéo Chèvre…
Les laits pré-épaissis (anti-régurgitations – AR)
« Les laits pré-épaissis le sont à base d’amidon de maïs, de riz ou de caroube », informe le gastro-pédiatre.
Bon à savoir : la caroube a tendance à accélérer le transit, tandis que l’amidon de riz ou de maïs a l’effet inverse, il constipe, selon les retours de certains parents, mais jamais démontré par des études cliniques.
Quels laits choisir ? Blédilait AR (Blédina), Biostime AR (Polive), Célia AR (Lactalis), Gallia AR (Gallia), Guigoz AR (Nestlé), Modilac AR (Sodilac), Nidal AR (Nestlé), Novalac AR + (Novalac), Nutriben AR (Nutriben), Picot AR (Lactalis)…
Les laits anti-reflux sont-ils efficaces ?
Il n’y a pas de lait anti-reflux ! « Les laits anti-régurgitations permettent de limiter le nombre de ces dernières de 60 à 75 % », précise le Dr Bellaïche.
Ceux à base d'amidon sont liquides dans le biberon. Ils épaississent dans l'estomac. Ceux à base de farine de caroube épaississent directement dans le biberon. Ils nécessitent donc une tétine adaptée.
Leur prix est plus élevé qu'un lait infantile classique.
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Il se peut que le remplacement d’un lait classique par un lait caprin ou un lait épaissi n’a pas donné de résultats satisfaisants, de même que les pauses pour faire des rots et l’attente de 20 à 30 min après les repas avant de coucher bébé. « Lorsqu’il y a eu échec de ces manœuvres hygiéno-diététiques, on propose alors des hydrolysats de protéines, explique le gastro-pédiatre. On fait un essai empirique de deux à quatre semaines avec ces substituts de lait afin de voir si le reflux n’est pas dû à une allergie aux protéines du lait de vache, car il n’existe pas de test biologique pour la détecter. »
L’enfant est ensuite revu un mois après pour voir s’il y a eu une amélioration. Normalement, on doit faire un régime d’éviction – réintroduction. C’est-à-dire que le nourrisson doit, de nouveau, être alimenté avec un lait standard afin de voir s’il régurgite de nouveau. Cette proposition n’est jamais bien acceptée par les mamans.« C’est pourquoi, parfois, on laisse l’enfant sous hydrolysat si le résultat sur les régurgitations est spectaculaire », rassure le Dr Bellaïche.
Quels laits choisir ? Alfaré (Nestlé), Allernova (Novalac), Aptamil HA (Milupa), Galliagène progress (Gallia), Novalac Riz, Nutramigen (Mead Jonhson), Pepti-Junior (Nutricia), Pregestimil (Mead Jonhson), Prégomine (Milupa)…
Bien préparer le biberon pour un nourrisson qui régurgite
Il est important également de prendre quelques précautions lors de la préparation du biberon :
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Les tétines ont souvent plusieurs débits : 1, 2, 3. Il est important de donner le biberon en orientant la tétine sur le débit 1 afin que le lait ne coule pas trop vite. Les tétines en silicone sont également moins souples que celles en caoutchouc, ce qui réduit aussi la quantité de lait qui s’écoule en même temps.
Penser aussi aux tétines ‘anti-régurgitations’ qui permettent de faire circuler librement l’air dans le biberon.
Quelles marques en font ? Avent, Dodie, Le Biberon Français, MAM, Nuk, Tigex, Tommy Tippee…
Un bavoir spécial régurgitations
Les régurgitations entraînent souvent de petites irritations au niveau des plis du cou de bébé. Pour limiter ce désagrément, Bib’up propose un ‘bavoir seconde peau’. Il est équipé d’un col en silicone qui épouse la morphologie de bébé et évite aux régurgitations de passer. (En vente chez Aubert, Bébé9, Berceau Magique, La Redoute à partir de 6,50 euros.)
RGO et diversification alimentaire : comment faire?
« La diversification alimentaire est proposée au nourrisson entre l’âge de 4 mois et 6 mois », précise le Dr Lalau Keraly.
Avant l’âge de 4 mois, il existe un risque d’augmenter les manifestations allergiques mais aussi les carences en fer, en calcium, en acides gras essentielles, la consommation quotidienne de lait n’étant alors plus suffisante.
Cette dernière se démarre, de préférence, au repas de midi, avec quelques cuillerées de purée de légumes ou de compote de fruits. « Si les aliments sont donnés mixés dans le biberon, cela le leste et il y a volontiers moins de régurgitations », précise le Dr Bellaïche.
RGO chez l'enfant : faut-il éviter certains aliments ?
« Le jus d’orange, en raison de son acidité, favorise le reflux gastro-oesophagien, informe le Dr Lalau Keraly. Il est donc à éviter. » En général, il n’est introduit dans l’alimentation de l’enfant qu’aux alentours d’un an, et il n’est pas indispensable !
Source 1 : "Influence of breast versus formula milk on physiological gastroesophageal reflux in healthy newborn infant", H.J. Heacock et al, Journal Pediatric Gastroenterology Nutrition 1992.
A lire aussiAuteur : Véronique BertrandNos experts : Dr Jean Lalau Keraly, pédiatre ; Dr Marc Bellaïche, gastro-pédiatre, hôpital Robert Debré, Paris ; Laure Mathis, ostéopathe. Article publié le