Quels matériaux écologiques pour rénover son intérieur en respectant sa santé ?
Envie de rafraîchir votre intérieur ? Bonne idée, à condition d’opter pour des matériaux sains qui émettent le moins possible de substances nocives. Les conseils de nos experts pour un nid où il fait bon respirer.
On ne les voit pas, on ne les sent pas pour la plupart : "Et pourtant, si on ne prend pas de précautions, de nombreux composés nocifs émis par les matériaux et produits de décoration peuvent contribuer à la mauvaise qualité de l’air intérieur", souligne Souad Bouallala, ingénieure Qualité de l’Air à l’Ademe.
Ces dernières années, plusieurs mesures réglementaires ont contraint les fabricants à faire des efforts pour supprimer ou limiter certaines de ces substances dans leurs produits et, depuis septembre 2013, à y apposer une étiquette "émissions dans l’air intérieur". Cet étiquetage, qui va de A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions), prend en compte les composés organiques volatils totaux (COVT) et une dizaine de substances individuelles, dont le formaldéhyde.
Une bonne nouvelle donc ? Oui, car cela permet de guider le choix des consommateurs. Mais...
Quelle peinture est la moins nocive ?
Quel est le revêtement de sol le plus sain ?
Les sols durs
Le carrelage reste le "meilleur élève" en termes d’émissions. De composition essentiellement minérale, il émet très peu, voire pas du tout de COV. Très bien aussi :
Certains parquets en bois annoncent fièrement un classement E1, norme qui impose des émissions limitées en formaldéhyde, ce qui laisse le Dr Squinazi circonspect : "La valeur de référence retenue par cette norme, soit 124 μg/m3 d’air, est moins exigeante que celle de l’étiquette A+, soit 10 μg/m3." Autrement dit, elle n’est pas franchement un gage de qualité sanitaire !
Les sols souples
Privilégiez le vrai linoléum, composé en grande partie ou en totalité de matières premières végétales (huile de lin, farine de bois, jute, résines naturelles). À ne pas confondre avec les revêtements synthétiques abusivement appelés "lino", à base de PVC contenant des plastifiants émetteurs de phtalates, et qu’il est donc préférable d’éviter.
À noter toutefois : certains fabricants proposent désormais des revêtements en vinyle ou en PVC sans phtalates (Tarkett, Forbo...).
Faire le choix d'un revêtement végétal
Autre choix intéressant : les revêtements en fibres végétales tissées (sisal, coco, jonc de mer), en s’assurant que la sous-couche sur laquelle ils sont fixés soit d’origine naturelle (latex, feutre, jute...) et pas synthétique
Quel est le meilleur type de revêtement mural ?
Quelle est la colle la moins toxique ?
"Même si on en utilise peu, les colles émettent beaucoup de COV, surtout du formaldéhyde", signale Souad Bouallala. Pour les parquets et carrelages, il existe des colles qui, outre le A+ règlementaire, portent un label plus exigeant, mais d’après notre enquête, pas celles destinées aux papiers peints. Le mieux est d’aller vers des colles d’origine végétale (amidon de blé, cellulose, latex naturel...) et/ou celles qui mentionnent l’absence de solvants, de COV, de formaldéhyde et de résine de synthèse.
Comment rénover des meubles anciens en limitant les polluants ?
Les vieux meubles présentent l’avantage d’émettre moins de COV que les neufs. Néanmoins, un relooking nécessite quelques précautions. Si vous le décapez : optez pour des peintures ou vernis d’origine végétale (acide lactique, huiles...) sans solvants chlorés, acide, soude, potasse, paraffine ou conservateurs, qui peuvent émettre des COV et autres polluants.
Si vous souhaitez le protéger : privilégiez les huiles pour bois d’origine végétale, ou les vernis en phase aqueuse qui limitent les émissions de solvants dans l’air. Choisissez ceux qui portent la norme jouets EN 71-3.
À lire aussiQuels sont les matériaux d'isolation les plus écologiques ?
Les matériaux d'isolation peuvent contenir des substances toxiques irritantes, allergisantes ou cancérigènes : COV dans les mousses isolantes, biocides dans certains isolants biosourcés (fabriqués à partir de matériaux issus du monde végétal, animal ou de produits recyclés), particules et fibres provenant des laines (minérales, végétales ou animales). Or, comme le souligne l’Ademe, il n’existe pas de référentiels permettant d’affirmer qu’un produit est sain ou non. Le mieux est donc de privilégier ceux classés A+ et porteurs d’un label complémentaire.
Bricoleur amateur ?
Mieux vaut recourir à un professionnel car non seulement le choix de l’isolant dépend de nombreux facteurs (endroit à isoler, isolation thermique et/ou sonore, niveau d’efficacité recherché...), mais si la pose est mal faite, les problèmes de pollution intérieure peuvent apparaître ou s’aggraver. Sans compter la possible présence d’amiante (sols, plafonds...) dans les bâtiments bâtis avant 1997.
Bricolage et décoration : à quels écolabels peut-on se fier ?
Ange bleu
Emicode® EC1 ou EC1Plus
Gut®
Indoor Air Comfort
Natureplus®
Nordic Swann
Oeko-Tex® Standard 100
RAL Tapeten®
Tüv Süd
Zone verte Excell et Excell+
L’Ecolabel européen et NF environnement, un plus ?
Oui. "Vertueux" pour l’environnement, ces labels ne considèrent pas les émissions, mais restreignent la teneur en COV et autres substances dangereuses dans la composition.
A lire aussiAuteur : Emmanuelle Blanc , Journaliste santéNos experts : Souad Bouallala, ingénieure Qualité de l’Air à l’Ademe (Agence de la transition écologique) & Dr Fabien Squinazi, médecin biologiste, membre du Haut conseil de Santé publique Article publié le