Traiter le confort acoustique des planchers
Batirama.com 20/05/20080
Les planchers en bois traditionnels ne sont pas réputés pour leurs performances acoustiques. Des techniques simples et peu coûteuses permettent de corriger une des faiblesses de ces systèmes : l’absence de masse.
Un plancher bois traditionnel n’a jamais donné de bons résultats au plan acoustique, tant au niveau des bruits aériens que des bruits d’impact. Ces derniers sont les plus faciles à traiter, au travers du revêtement de sol, textile ou rigide par l’interposition d’une sous couche acoustique résiliente. Lorsque le plancher est doublé en sous-face d’un plafond suspendu, l’interposition d’un isolant fibreux atténue les bruits de transmission, mais assez peu les bruits d’impact. L’idéal est obtenu avec les chapes flottantes.
Rester pragmatique
L’amélioration acoustique entre deux niveaux de planchers est complexe à traiter. Les bruits aériens peuvent être traités de la même manière qu’en cloisons, à base de plaques de plâtre sur ossature métallique et d’isolants, mais les bruits d’impact sont très peu atténués par ce type de traitement. L'idéal est de pouvoir les traiter à la source, ce qui estimpose d’intervenir au niveau supérieur. Dans ce cas, il existe de nombreuses sous-couches minces pour carrelages, parquets flottants et stratifiés. Contrairement aux bruits aériens, c’est la texture du revêtement de sol qui fait la différence: un parquet est mauvais vis-à-vis des bruits d’impact, alors qu'une simple moquette en atténue les principaux effets.
Source : batirama.com / P.Valaire
Les sous-couches acoustiques doivent être mises en œuvre entre le revêtement de sol et le plancher.
Ces sous-couches permettent de réduire les bruits d’impact, sauf si le revêtement est lui-même suffisamment performant pour pouvoir s’en passer (moquettes, certains PVC et linoléums). Elles sont généralement constituées de mousse polyéthylène, de fibres de bois ou de liège. Leur composition doit permettre de résister au tassement tout en conservant leurs qualités acoustiques. La sous-couche collée en usine en sous face du revêtement est plus performante encore. Des essais comparatifs montrent qu’elle permet de gagner 4 dB par rapport au même produit mis en œuvre sur une sous-couche en lés etposée « libre ». De plus, la pose est plus rapide et plus simple. Le collage en plein du revêtement de sol avec sous-couche acoustique est encore supérieur. Cette technique est néanmoins coûteuse, du fait de la lenteur de la pose et du prix élevé des colles, spécialement formulées pour ne pas apporter d’humidité au parquet ou au stratifié.
Selon leur composition, certains revêtements de sols nécessitent, ou non, une sous-couche acoustique.
Les revêtements textiles sont concurrencés par les sols durs, plus dans "l'air du temps", pourtant, ils sont très performants vis-à vis de l'atténuation des bruits d'impact.
A RETENIR :
Intérêts : Investissement limité ; Facilité de mise en œuvre ; efficacité contre les bruits d’impact
Limites : Qualités variables d’un produit à l’autre ; Sans effet sur les bruits aériens
Lorsque la hauteur sous plafond est importante, la réalisation d’un plafond suspendu en plaques de plâtre sur ossature métallique s’avère une solution intéressante.
Un plafond suspendu permet d’incorporer une épaisseur importante d’isolant fibreux, ce qui limite la transmission des bruits aériens. L’usage de suspentes antivibratiles,plus coûteuses que les suspentes classiques, améliore encore le résultat, y compris vis à vis des bruits d’impact. Mieux encore, la mise en œuvre d’un plafond autoportant représente la solution idéale, par absence totale de liaisons mécaniques. Cette technique consiste à faire porter des profilés métalliques de cloison à cloison, sans aucun lien mécanique avec le plafond d’origine. En aménagement de combles de maisons anciennes, l’espace compris entre le plancher et le plafond du niveau inférieurpeut être efficacement rempli d’isolant en vrac. C’est un moyen efficace de limiter la transmission des bruits aériens, sans avoir à rajouter de l’épaisseur sur un plancher de combles, un lieu souvent déjà limité en hauteur disponible.
En construction neuve, le plénum d'un plancher bois peut être efficacement rempli d'isolant. Sur ce chantier d'une maison en rondins, l'entreprise isole le plénum à l'aide des copeaux de bois générés par le chantier.
En neuf comme en rénovation, la mise en oeuvre d'un plafond suspendu intégrant un isolant acoustique est une bonne réponse vis-à-vis des bruits aériens.
A RETENIR :
Intérêts : Performants pour la réduction des bruits aériens
Limites : Nécessitent du volume disponible ; Effet limité sur les bruits d’impact
La chape flottante permet en une seule opération de résoudre le problème des bruits aériens et des bruits d’impact.
Deux techniques sont possibles : la chape sèche et la chape liquide, le but étant de désolidariser le sol de la structure porteuse, avec interposition d’un isolant acoustique suffisamment dense pour ne pas générer de tassements dans le temps. Les chapes sèches se présentent sous la forme de plaques de plâtre spéciales qui incorporent en sous-face un isolant ou une sous couche isolante appliquée en vrac. Cette solution présente plusieurs avantages pour les planchers en bois : pas d’apport d’eau, pas de temps de séchage, chantier propre, surcharges limitées et possibilité de remettre à l’horizontale un plancher incliné ou affaissé. Les chapes liquides sont réservées à des planchers capables de supporter une certaine surcharge. L’organisation du chantier influe également sur le choix technique. Une entreprise de maçonnerie déjà présente sur le chantier et équipée d’une bétonnière a tendance à se tourner vers la chape liquide, un plaquiste choisit d’office la voie sèche.
Les chapes liquides doivent être réservées à des planchers capables de supporter une certaine surcharge. Dans certaines conditions, elles permettent d'incorporer des fluides, dont des systèmes de chauffage par le sol.
La chape sèche apporte une double réponse aux bruits aériens et aux bruits d'impact. De plus, la pose est rapide, sans délai de séchage, elle permet également de retrouver l'horizontalité sur un plancher déformé.
A RETENIR :
Intérêts : Efficaces pour la réduction des bruits aériens et d’impact ; Laisse apparente la sous-face du plancher ; Remet à l’horizontale un plancher incliné
Limites : coût important ; Réduction de la hauteur habitable (contraintes en combles) ; Impose de reprendre les plinthes, hauteur de portes….A réserver aux rénovations lourdes
En rénovation, le plancher collaborant bois /béton est utilisépour renforcer des planchers bois existants, particulièrement lorsque l’on souhaite conserver une sous-face apparente.
On coule sur l’ancien plancher conservé un nouveau plancher mince en béton ou en mortier de résine. La liaison entre les deux matériaux se fait par l’intermédiaire de connecteurs (béton), ou d’encoches ménagées avant le coulage dans l’ancien plancher (mortier de résine). Cette technique augmente la résistance aux charges du plancher, elle assure l’horizontalité, et apporte par sa masse une performance élevée vis à vis de la réduction des bruits aériens. Le même principe avec les mêmes avantages peut s’appliquer en construction neuve, avec le système Sylvabat (protégé par un brevet déposé par Cosylva) ou Lignadal (sous licence Archipente). Il s’agit de l’association d’une prédalle en bois et d’une dalle de compression en béton, liaisonnées par des connecteurs en bois, la sous-face bois restant visible dans un but esthétique.
Grâce à la mise en oeuvre d'un plancher collaborant, ce plancher ancien, situé dans un château, va pouvoir supporter les charges prévues au niveau supérieur dans le cadre de l'aménagement d'une salle de conférences. Cette technique permet de conserver la sous-face, mais aussi de retrouver l'horizontalité perdue.
A RETENIR :
Intérêts : Atténuation des bruits aériens ; Résistance mécanique ; Restauration de l’horizontalité (plancher ancien)
Limites : Coût élevé (comparé à un plancher bois basique) ; Travaux lourds ; Temps de séchage à respecter ; A réserver aux rénovations lourdes
« S’adapter au contexte »
Nous réalisons beaucoup extensions et surélévations en ossature bois. Les niveaux supérieurs sont souvent ceux des chambres et nous soignons le traitement des bruits d’impact. La tendance actuelle étant au parquet ou au stratifié posé libre, nous conseillons au client d’intercaler une sous-couche acoustique entre le plancher et le revêtement de sol. Pour des raisons pratiques, nous laissons rarement la sous-face apparente, et réalisons des plafonds en plaques de plâtre. Il est alors facile de remplir le plénum de laine de verre, ce qui atténue fortement la transmission des bruits aériens.
*entreprise FA Décors (94 Limeil Brévannes)
Pascal Ozouf*
« Rechercher un résultat réaliste »
Il existe suffisamment de solutions simples et peu onéreuses permettant d’améliorer les performances acoustiques d’un plancher en bois. Ces applications concernent l’habitat, et que l’on ne vise pas le silence absolu. L’entrepreneur qui intervient sur un tel bâti doit retenir des matériaux courants, mais de qualité : laines minérales, sous-couches acoustiques. La précision et la qualité de mise en œuvre sont prioritaires. Lorsque c’est techniquement et financièrement possible, la pose d’une chape flottante autorise des performances élevées. Notons que le traitement des bruits d’impact est beaucoup plus efficace lorsqu’il peut être réalisé à la source.
*ingénieur acousticien , BPB Placo
« Des plaques de sol posées sur isolant »
Nous construisons des chalets. Au premier étage, tous les planchers sont en bois, une technique esthétique, mais peu performante au plan acoustique. Nous contournons le problème par la mise en œuvre d’une chape flottante sur le sol du premier niveau. Un plancher de 18 mm d’épaisseur en bois du Nord est cloué sur les solives. Sur ce plancher sont posées libres des plaques de sol Fermacell. Composées de plâtre et de fibres de cellulose, ces plaques reçoivent en sous face une laine de roche de 30 mm d’épaisseur, suffisamment dense pour ne pas se comprimer sous le poids des plaques. Cette pose « flottante »permet d’atténuerla transmission des bruits d’impact. La densité importante de la plaque Fermacell (1200 kg/m3), liée à la présence de la laine de roche, aide aussi à limiter la transmission des bruits aériens.
*constructeur de chalets(05 Briançon)
ADRESSES
• CIDB : www.infobruit.org/FR/info/00
• SFA : www.sfa.asso.fr/pres.htlm
• CSTB : www.cstb.fr
Ouvrage sur le comportement acoustique des planchers anciens. Rapide historique des techniques de construction permettant de justifier le choix des ossatures essayées en laboratoire. Catalogue des solutions possibles, synthèse réalisée de manière globale pour les mesures in situ et par type de procédés pour les mesures en laboratoire. 01 64 68 82 82
Quelques guides de fabricants
• Isover : catalogue des produits et solutions d’isolation
• Isover : guide de l’acoustique du bâtiment
• Knauf : l’offre globale
• BPB Placo : catalogue général
• Lafarge : guide des solutions acoustiques en habitat