Soprema renforce son offre d'isolants et matériaux biosourcés
Ce spécialiste de l’étanchéité s’est spécialisé depuis plus de dix ans en isolation thermique et s’engage fortement en R&D et en production de matériaux biosourcés.
Clairement perçue comme une activité très polluante, prédatrice de matières minérales et consommatrice d’énergies fossiles, la fabrication de produits de construction prend désormais en compte ces concepts nouveaux en phase avec la demande des usagers, l’évolution de la réglementation sur les constructions, de même que le souhait des architectes et prescripteurs de proposer une offre pertinente de réalisations.
Et signe des temps, l’industrie du bâtiment adopte le vocabulaire de militants en faveur de l’environnement : matériaux biosourcés, économie circulaire… Le vent a tourné, et les fournisseurs de matériaux de construction changent leurs pratiques.
Une offre biosourcée validée
Le groupe Soprema, connu pour être un important fournisseur d’isolants polyuréthane et autres membranes bitumineuses, a pris le virage depuis pratiquement une décennie avec ses premières productions à base de ouate de cellulose et de fibre de bois de marque Univercell.
Son usine de Cestas, en Gironde, exploite le gisement des déchets de papier-journal du grand sud-ouest pour produire de l’isolant à souffler et en panneaux. Cette unité parvenue à saturation devrait être doublée d’une seconde, probablement dans une autre région de France. Soprema ne communique aucun point de chute pour l’instant.
Par ailleurs, depuis 2016, ce groupe strasbourgeois est propriétaire du suisse Pavatex, spécialiste des isolants en fibre de bois. L’offre est déclinée pour les murs – notamment en isolation par l’extérieur avec des panneaux de haute densité – et pour les toitures – par insufflation dans les combles ou en revêtement sous couverture avec des panneaux de type sarking.
Un isolant biosourcé pour combles aux performances égales à la laine minérale
Pavatex vient d’ailleurs de lancer un isolant pour combles et murs d’une conductivité thermique (lambda, λ) de 0,036 W/(m.K). Un niveau pratiquement identique à celui des laines minérales.
Ce type de produit a fait ses preuves en termes d’isolation thermique et de confort : 35 cm de cellulose assure une résistance thermique de 7 m².K/W. Et, par grosse chaleur estivale, le matériau se démarque par un effet très net sur le confort des occupants en raison d’un déphasage du transfert de chaleur accumulé d’une durée deux fois supérieure à celle des laines minérales, et par une amplitude de relargage thermique bien plus faible.
Auprès des maîtres d’ouvrage, les prescripteurs peuvent aussi avancer la confirmation de propriétés environnementales par quelques fiches FDES. Trois des douze références Pavatex en disposent. Plusieurs références Pavatex et Univercell disposent aussi du label « Produit biosourcé »
Lancé il y a 10 ans, l’unité de production d’isolant en ouate de cellulose à base de journaux recyclés de Cestas (33) de Soprema arrive à saturation. Une seconde unité doit ouvrir en France en 2020-2021
Anticiper les réglementations environnementales
Les raisons de ce développement sont faciles à cerner. Les efforts combinés en matière d’isolation des constructions et de développement des solutions bois ont produit « une croissance annuelle de 10 % du biosourcé depuis deux ans », rappelle Matthieu Lechantre, directeur marketing de Soprema.
Très présent sur le marché, Soprema enregistre, cette année, une progression de ses ventes de 20 %. En développant ses gammes et son volume de production, l’entreprise veut ainsi se donner les moyens de porter sa part de marché actuelle de 7 à 8 % des 280 M€ de chiffre d’affaires du marché français de l’isolation à environ 20 % d’ici 4 à 5 ans.
Développer la R&D et la production
Pour Matthieu Lechantre « il faut accompagner le marché pour lui fournir des produits non dépendants du pétrole. » En matière d’étanchéité des toitures-terrasses, il cite les résultats récents de recherches et de développements qui permettent désormais de proposer des membranes d’étanchéité à base d’huile de colza et de résine de pin.
Ce type de développement est caractéristique des productions dites « à froid » et issues des gisements biosourcés : les composants d’origine locale et renouvelables demandent peu d’énergie grise pour l’approvisionnement et la préparation ; de la même manière, le process de fabrication des produits finis réclame peu de transformation et d’énergie.
D’autres recherches universitaires actuellement menées visent à mettre au point de nouvelles formulations de matériaux. « Les efforts portent aussi sur la logistique industrielle pour réduire les consommations en amont de la production, comme le transport des matières premières par voie d’eau », souligne Matthieu Lechantre.
Ainsi, après la neutralité carbone recherchée à travers les précédentes réglementations thermiques, le secteur du bâtiment va muter vers la notion plus globale de neutralité climatique. En clair, par ses nouvelles pratiques – construction faiblement consommatrice d’énergie, matériau bas carbone jouant aussi le rôle de stockage de CO2 –, le bâtiment doit concrètement participer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et au réchauffement climatique.
L’engouement pour la construction en structure bois entraîne dans les mêmes proportions le marché de l’isolation par l’extérieur avec des panneaux de fibre de bois.
La profession s’organise
Il faut noter que les syndicats professionnels de la filière de l’isolation – notamment le Filmm (laines minérales) et l’AICB (industries de la construction biosourcée) – aident les industriels dans cette évolution. Ils viennent de terminer la rédaction du projet de norme NF DTU 45.11 sur l’isolation thermique des combles par soufflage d’isolants, laines minérales ou ouate de cellulose.
Ce nouveau texte renforce les précautions au regard du risque d’incendie et prend en compte tous les type de matériaux, laine minérale ou ouate de cellulose. Aujourd’hui en enquête publique, cette norme doit être publiée en janvier 2020, soit quelques mois avant l’application de la très discutée réglementation environnementale 2020.
Source : batirama.com / Bernard Reinteau