Faut-il laisser pleurer les bébés ? On fait le point dans Débats de parc, notre nouvelle rubrique !
« Laisse-le pleurer », entend-on souvent… et ça fait débat. Laisser or not laisser pleurer un bébé, telle est la question, alors on y répond !
Dans cette toute nouvelle rubrique, Débats de parc, on fait le point sur les grands débats de la petite enfance, parfois clivants !
Lorsque l’on est jeune parent, on est noyé sous les informations et on n’est pas toujours d’accord avec sa famille, qui tente d’imposer ses vues. Par ces articles, on vous donne des billes pour tenter d’y voir plus clair et décider vous-mêmes de ce que vous voulez faire, en âme et conscience.
Paroles d’anciens
Vous avez déjà peut-être entendu ces phrases : « il faut laisser pleurer les bébés, ça leur ouvre les poumons ! » ou encore « il faut les laisser pleurer un peu, c’est comme ça qu’ils s’endorment. »
Ces paroles – qui viennent souvent de gens plus âgés – peuvent semer le doute… et un certain trouble. Personne n’a envie de laisser pleurer son bébé, qui visiblement demande de l’aide (sauf lorsque l’on est à bout, ce qui peut bien entendu arriver !).
Les vieilles croyances ont la vie dure et on se sent bien souvent un peu désemparée face aux injonctions contraires. Doit-on attendre un peu avant de se précipiter à leur chevet dès que les décibels montent en volume ? On vous explique.
Des pleurs difficiles à supporter pour les parents
Les bébés pleurent souvent beaucoup, c’est un fait ! Mais il faut se rassurer : c’est normal et la plupart du temps, cela n’indique pas de problème grave. Sur le site que le gouvernement consacre aux 1000 premiers jours de l’enfant, mis au point par des professionnels de la petite enfance, il est écrit :
Pour les parents, ça peut être très dur à supporter. Et quand on voit la prunelle de nos yeux souffrir, ça brise le cœur. Personnellement, j’avais l’impression de mourir de l’intérieur dès que l’un de mes bébés pleurait plus de 5 minutes. Ce qui arrivait très souvent…
On se liquéfie, on encaisse, on tente de calmer le jeu comme on peut, sans bien souvent comprendre l’origine de ces cris. Empathie puissance 1 000 ou fragilités liées à la période du post-partum, les raisons pour lesquels ces pleurs sont difficiles à supporter pour les parents sont toutes valables.
En tant que parents, on n’est pas forcément préparés à vivre cela. Alice Legendre, créatrice d’ateliers d’écriture pour les mères, l’écrivait sur son compte Instagram.
Le risque en cas de pleurs non pris en compte de façon répétée est aussi une perte de confiance en l’adulte, comme elle nous l’explique :
Il en va donc de son bien-être et de son bon développement. Mais on parle ici de répétitions et de durée : si l’enfant pleure faiblement, plutôt sous forme de râle, quelques minutes avant de s’endormir ou si vous ne pouvez pas vous rendre immédiatement auprès de votre nourrisson qui commence à pleurer, il n’y aura pas de conséquences.
On fait ce que l’on peut : on ne va, dans tous les cas, pas casser son bébé !
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Des méthodes controverséesLa technique de l’attente progressive (aussi appelée 5-10-15 ou extinction graduelle) a été conçue par le pédiatre américain Richard Ferber. Si l’enfant pleure le soir et même la nuit, le parent attend d’abord 5 minutes avant de venir puis au fil du temps 10 mn et 15 mn. Cette méthode très controversé a fait l’objet d’études aux résultats différents.
Pour une étude néo-zélandaise sérieuse publiée en 2012 dans la revue Early Human Development, les chercheurs ont appliqué cette méthode. Lorsque les bébés pleuraient la nuit, le niveau de cortisol (hormone du stress) recueilli dans la salive était élevé. Au bout de trois jours, les bébés ne pleuraient plus mais le niveau de cortisol restait tout de même élevé.
Cela suggère que si cette méthode « fonctionne » car les bébés arrêtent de pleurer, ils continueraient d’être stressés mais ne demanderaient plus d’aide.
Pour Héloïse Junier, qui reprend cette étude dans son livre, « cette méthode, c’est de la torture psychologique ».
Le bien-être des parents, à prendre en compte
Évidemment, toutes ces recommandations constituent un idéal : il faut prendre en compte aussi le bien-être des parents, qui rejaillira sur le bébé.
On a beau l’aimer et le chérir, parfois, la fatigue aidant, c’en est trop ! On n’y arrive plus… Et plutôt que d’arriver à des extrémités, comme s’énerver ou même le secouer (on sait maintenant les ravages que cela peut entraîner), autant aller s’isoler un peu, confier le bébé à quelqu’un d’autre si cela est possible, s’éloigner des cris, aller boire un verre (d’eau ou d’alcool, pas de jugements !) dans la cuisine.
Les injonctions sont nombreuses pour les parents et le fait de ne pas laisser pleurer peut sembler en être une supplémentaire. C’est pour cela qu’il faut agir, dans la mesure de ses capacités, à l’instant T, et ne pas se ronger le cerveau lorsque l’on a besoin de faire une petite pause.
Dans son livre Libérées, la journaliste Titiou Lecoq exprimait ce qu’elle avait ressenti de la peur et de la culpabilité, après la lecture d’un article très discutable, qui mettait en garde les parents contre les conséquences de laisser pleurer son bébé :
On comprend le stress engendré par ce genre d’affirmations et il faut donc agir avec mesure et raison garder.
Pour résumer, il faut d’abord essayer de comprendre les pleurs pour y répondre au mieux. Mais il n’y a pas toujours de cause. Dans tous les cas, il est toujours bon de tenter de rassurer le bébé et de lui montrer sa présence, possiblement en le prenant dans les bras. Il s’agit de bonnes pratiques, à essayer d’appliquer avec régularité, mais chacun et chacune compose comme il peut avec son quotidien et ses contraintes. Aucun bébé n’est maltraité s’il pleure quelques minutes seul !
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Image en une : © Getty Images
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