Journée mondiale du recyclage : le point sur la situation au fenua
Le recyclage consiste à réutiliser partiellement ou totalement les matériaux qui composent un produit en fin de vie, pour fabriquer de nouveaux produits. La Polynésie française a opté par une stratégie de tri des déchets ménagers qui permet d’éviter leur enfouissement et surtout autorise une nouvelle valorisation.
Selon une enquête d’Alvea Consulting auprès de 1 050 personnes représentatives de la population de Tahiti et Moorea, une large majorité de la population estime que le tri des déchets est important car il a un impact sur l’environnement (97 %). Le degré d’implication varie avec la zone d’habitation (plutôt urbaine) et l’âge (plutôt les 30 ans et +). Parmi les personnes équipées d’un bac vert et d’un bac gris, 77 % trient leurs déchets. L’étude précise que 83 % des habitants de Faa’a – commune non-adhérente à Fenua Ma – , souhaitent participer au tri sélectif pour limiter leur impact sur l’environnement. Le syndicat mixte, ouvert pour la gestion, la collecte, le traitement et la valorisation des déchets en Polynésie française, s’attache par ailleurs à organiser des filières de récupération, et le plus souvent de réexportation, de déchets très polluants. Même si tous ne feront pas l’objet d’une nouvelle valorisation. On pense ainsi aux huiles usées, aux batteries, aux piles et aux déchets d’équipement électrique et électronique (DEEE).
En Polynésie française, seul le verre fait l’objet d’une réutilisation locale. Avec une croissance constante puisque les Polynésiens ont déposé plus de 2 200 tonnes de bouteilles dans les bornes à verre en 2020, contre seulement 400 tonnes en 2003 ! Les déchets du bac vert sont exportés vers des filières asiatiques (Thaïlande, Malaisie, Singapour, Hong Kong, Taïwan, Indonésie ou Nouvelle-Zélande, Corée du Sud) pour être transformés en de nouveaux objets. Les déchets d’équipement électriques et électroniques sont expédiés en France pour retraitement.
Stratégie vertueuse
Fenua Ma explique que le recyclage permet d’économiser de la matière première et donc de préserver les ressources naturelles. Tout en réduisant le volume global des déchets à enfouir. « Fabriquer un nouvel objet à partir de matières issues du recyclage diminue les émissions de gaz à effet de serre », souligne le syndicat. « Refondre des canettes en aluminium nécessite deux fois moins d’énergie par rapport à l’extraction du minerai de base. » Enfin, Fenua Ma note que le recyclage permet aux industriels de créer des emplois et stimule l’innovation par la recherche de nouveaux produits à réaliser en matière recyclée.
Les déchets électriques et électroniques récupérés sont conditionnés et exportés en France pour recyclage. Les opérations de collecte réalisées dans les communes ont rencontré beaucoup de succès. Cette filière est particulièrement onéreuse en raison de l’éloignement du site de traitement, mais elle présente le plus de garanties.
Le verre récupéré par le réseau des bornes à verre est valorisé localement. Il est concassé pour être employé comme matériau drainant. « Ce recyclage permet ainsi de diminuer sensiblement l’extraction d’agrégats », souligne Fenua Ma, qui explique que le verre concassé en 0-15 mm remplace le gravier utilisé comme sous-couche de dalle en béton des maisons, pour le drainage des murs de soutènement ou encore pour les bassins d’infiltration des eaux usées…
Benoît Layrle, directeur de Fenua Ma : « Notre grille tarifaire rend incitatif le tri sélectif »
« Le contexte polynésien est très particulier, la composition de nos déchets est différente qu'ailleurs. Une ville comme Papeete a tous les handicaps et tous les atouts : ville portuaire, administrative et une forte activité en journée. Cela fait exploser les quantités de déchets rapportées au nombre d'habitants, puisque 80 000 personnes viennent travailler dans la capitale… Ça change en zone périurbaine, puis rurale. (…) Cela fait 21 ans qu'on trie les déchets au fenua. La progression a été régulière mais assez lente de 2000 à 2008, puis la crise économique a fait baisser le volume de déchets du bac gris, surtout chez les industriels, mais a fait augmenter les déchets du bac vert. Notre grille tarifaire s'est chargée de rendre incitatif le tri sélectif : plus tu tries et moins tu paies. Depuis 2010, on a observé une nette amélioration des performances liée surtout à la prise de conscience et à la réactivité des industriels. Les communes ont aussi évolué, mais très lentement. Actuellement, nous en sommes environ à 8 000 tonnes de déchets du bac vert récupérées, ce qui est honorable face à un gisement global de 12 000 tonnes. Quant au verre, seul matériau recyclé localement, on récupère 2 200 à 2 400 tonnes/an, soit 70 % du gisement global. Ces deux dernières années, Fenua Ma a porté un effort particulier sur les déchets électroniques ainsi que sur les fusées de détresse, qui sont des déchets dangereux car hautement inflammables, avec la mise en place de points d'apports volontaires. Ça provoque des incendies dans les casiers à Paihoro, il y a même des camions-poubelles qui ont ont pris feu en compactant ces déchets. La crise Covid nous ayant empêchés de nous adresser aux salariés et à l'administration, nous avons développé un système permanent de récupération dans les services techniques des communes. C'est gratuit pour les habitants, qui peuvent connaître le lieu précis de récupération de leurs déchets en consultant la carte interactive de notre site internet (www.fenuama.pf/pav). »
Pneus : tout reste à faire
Sur les 2 400 tonnes de pneus importés chaque année, Fenua Ma en récupère au mieux 400 tonnes. Le Pays, adhérent à Fenua Ma au titre de sa compétence sur les déchets toxiques et spécifiques (piles, batteries, huiles, médicaments, carcasses de voitures, déchets électroniques, fusées de détresse, etc.), assure vouloir apporter une solution à ce problème ancien. Après une première consultation restée infructueuse en 2017 « en raison de réponses financières trop élevées », Fenua Ma a lancé en 2020 un nouvel appel d’offres qui a débouché sur une technique de broyage. Fenua Ma a d’emblée une masse de 3 500 tonnes de pneus usés à traiter sur les cinq premières années.
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