Isolation thermique par l’extérieur en toiture : légère ou lourde ?
Batirama.com 29/06/20200Les procédés d’ITE relèvent encore de travaux lourds et mal appréhendés. Pourtant des solutions existent pour alléger leur mise en oeuvre comme leur bilan carbone.
« L’ITE représente moins de 5 % du marché et pour les deux tiers dans le neuf », informe Éric Barnasson, responsable marketing Produits et systèmes chez Saint-Gobain Isover. « Mais, ce segment reste en croissance et à forte valeur ajoutée, puisqu’il s’agit de refaire complétement une toiture ».
Reste que « pour que ce marché de l’ITE soit mûr, il faudrait que les professionnels la préconisent plus souvent. Ils en craignent le surcoût alors qu’il est anecdotique, surtout quand on actionne le mécanisme des CEE ». En attendant, si les clients particuliers y restent peu sensibles, les industriels déploient leurs solutions plus vertes.
Du biosourcé pour la résistance mécanique
La future RE 2020 introduit la notion d’impact carbone, l’ITE se met au pas. Avec une poussée en faveur du biosourcé. À l’instar du sarking majoritaire sur ce marché qui a ajouté au polyuréthanne, et à la laine de roche, la fibre de bois. « C’est moins la dimension écologique que la contrainte mécanique qui va pousser ce matériau biosourcé face à la laine de roche, qui elle est privilégiée pour de fortes résistances thermiques », précise Éric Barnasson.
Ce sarking attire aussi les faveurs face à un caisson chevronné, « difficile à manipuler en rénovation ». Mais c’est sans compter sur un autre panneau de toiture qui compte bien surfer sur son poids plume pour rénovation plus aisée, et la RE 2020 pour s’imposer.
Le bilan carbone pourrait doper la légèreté
Isolation continue, ponts thermiques abolis, étanchéité à l’air… Le panneau sandwich s’inscrit point par point dans les exigences de la RT 2012. Mais il doit encore batailler. « Pour beaucoup, sa légèreté signifie qu’il n’est pas solide », note Gilles Rattin, directeur commercial chez Quickciel. En attendant la fin des idées préconçues, il fait aussi valoir aux rayons panneaux de toiture, un bilan carbone plus favorable « qu’un caisson chevronné. La force de ce dernier était ses portées d’entraxe, mais aujourd’hui elles sont moins bonnes que celles d’un panneau sandwich », affirme le dirigeant de Quickciel.
« Comme sa résistance thermique, qui nécessite de rapporter un isolant pour atteindre un R de 6 efficace et contrôlé » quand celle d’un panneau sandwich peut atteindre un R de 9… Seul. En outre, il avance un made in France, « et une solution sur-mesure pré-usinée qui limite les déchets de chantiers – les chutes sont recyclées à l’usine - sachant que nos panneaux valorisent déjà des déchets de pétrole ».
Un bilan carbone réduit associé à des performances qui pourraient booster cette solution ultra légère en ITE ? À condition que les professionnels commencent à s’y intéresser…
Solution 1 : Sarking : le plus courant
© Wienerberger Koramic
En rénovation, le sarking s’avère une solution idéale quand il faut conserver le volume des combles et isoler la toiture sans toucher à la finition intérieure. La technique de sarking reste réservée aux charpentes traditionnelles conformes à l’ensemble des DTU de la série 40, aux Eurocodes et au Guide des couvertures en climat de montagne, le cas échéant.
Le profil d’emboîtement est particulièrement efficace contre les ponts thermiques et facilite la mise en oeuvre. Ce marché voit l’émergence de nouveaux panneaux isolants. Comme ceux en XPS ultra léger quand une résistance à l’humidité est attendue ou en mousse phénolique, légers, aux performances thermiques plus élevées que le leader polyuréthanne et aux propriétés de résistance à la combustion. Une technologie peu utilisée qui nécessite de vérifier les avis techniques, s’il y a lieu.
Mixité des matériaux
L’autre tendance émergente sur ce marché : la mixité des matériaux fibres de bois et polyuréthanne. Synonyme de plus de légèreté mais surtout de rehausse de toit moins conséquente pour une esthétique préservée.
D’origine biosourcée RE 2020 oblige, la fibre de bois contribue au confort d’été grâce à son fort coefficient de déphasage pour une isolation quatre saisons. Outre le complément thermique et sa rigidité mécanique complémentaires, cette fibre de bois apporte conforts de mise en oeuvre et acoustique, elle adoucit l’effet peau de tambour sous la pluie que propage un PU seul.
Avantages
: adaptée à toutes les pentes et à tous types de couverture ; technique connue ; isolation continue ; ponts thermiques et étanchéité à l’air maîtrisés ; solutions existantes avec FDES.Inconvénients
: non porteurs, mettre un platelage bois pour éviter les chutes dès que possible ; attention au dimensionnement des vis entre chevrons à respecter selon les préconisations des fabricants ; vérifier l’existence d’avis techniques.
Solution 2 : Caisson : le plus chevronné des panneaux de toiture
Utiliser des caissons chevronnés permet de réaliser une toiture en deux opérations seulement – pose des caisson ou panneaux, puis de la couverture – en réduisant le temps de travail. 80 % du marché du panneau de toiture avec isolation intégrée pour conserver une charpente apparente (traditionnelles, en bois massif ou lamellé collé), créer de la surface habitable ou encore sauvegarder des mètres carrés sont réalisés en caisson chevronné.
Système isolant support de couverture sur lame d’air ventilée, il est constitué de chevrons en bois massif fixés et traités en usine, (deux ou trois selon les industriels) solidaires d’un panneau de sous-face qui constitue le plafond. Les caissons chevronnés se fixent directement sur la charpente, sur un nombre de pannes réduits se substituant aux chevrons traditionnels.
En une seule opération, les caissons chevronnés permettent de réaliser l’isolation, la rénovation de la toiture et la décoration intérieure du plafond dans un choix large de finitions décoratives. À noter que dans 95 % des cas, l’isolant qui complète ce système est soit du polyuréthanne, soit du polystyrène expansé.
Avantages
: solution finie, apporte des réponses mécaniques et techniques notamment au niveau du traitement des points singulier ; gain sur la mise en oeuvre.
Inconvénients
: difficile à manipuler ; nécessite de rapporter un complément d’isolation pour atteindre un R de 6 avec du coup rehausse de toiture ; chevrons dans l’isolant créant un rupture thermique ; plus adapté en neuf qu’en rénovation.
Solution 3 : Panneau sandwich : l’isolation continue
Légers (18 à 20 kg/m2) autorisant une pose sur de longues portées, les panneaux sandwich sont synonymes de performance et d’isolation continue. Les panneaux sandwich sont aussi synonymes de volume habitable optimisé notamment au niveau des combles. Ils doivent reposer directement sur les pannes de la charpente afin de recouvrir la toiture d’un seul tenant. Ils nécessitent donc en rénovation de supprimer les chevrons. Rimant avec absence de pont thermique, résistance thermique élevée (jusqu’à R = 9 (m2.K)/W), étanchéité à l’air et ventilation des éléments de couverture assurée, une fois la toiture déposée, il est à nouveau hors d’eau et hors d’air en 24 heures.
Ces panneaux sandwich se déclinent aussi avec chevrons métalliques porteurs intégrés pour tous types de pente. Pour réaliser des toitures de combles aménageables, des toitures isolées sous fermette, ou à installer en rénovation avec une pose par l’extérieur directement sur la charpente existante. Autoportants, robustes et résistants, ils affichent une résistance mécanique élevée, d’où un intérêt en toitures de montagne, et la possibilité de réaliser de grandes longueurs sur demande.
Avantages
: pas de rupture de l’isolant pour une continuité thermique et de l’étanchéité à l’air, zéro déchet si pans traditionnels, moins coûteux, performance acoustique.
Limites
: nécessite des prises de cotes précises, , peu économique si traitement de points singuliers tels que l’intégration de fenêtre de toit.
Solution 4 : Rehausse de toiture
La rehausse de toiture, ITE la plus lourde, affiche néanmoins les performances les plus élevées avec une résistance thermique capable d’atteindre un R de 12. Ce système avec piliers répond à plusieurs exigences, BBC, Bepos et apporte un niveau d’affaiblissement bien supérieur aux exigences de la réglementation acoustique en vigueur. C’est la Rolls Royce de l’ITE.
Lors de la rehausse avec piliers métalliques, la contrainte mécanique est reprise justement par les piliers, et le sur-chevronnage mis en oeuvre. L’isolant n’a plus de fonction mécanique à assurer. Il peut donc tout simplement s’agir de laine de verre performante. Cette solution permet de proposer les résistances thermiques les plus élevées puisqu’il est possible d’interposer jusqu’à trois couches d’isolant : entre chevrons, sur les chevrons, et entre les sur-chevrons jusqu’à l’affleurement du sur-chevronnage tenu par les piliers métalliques.
Une solution sous avis technique, destinée à des entreprises formées capables de réaliser des calculs de reprise de charge à partir des Abacs fournis dans les avis techniques. Mais cette solution très lourde augmente considérablement la hauteur de toiture. Si elle présente l’avantage de pouvoir mettre trois couches d’isolant pour une performance optimale, cette réfection totale de toiture est généralement la plus chère. Donc la moins souvent posée.
Avantages
: excellente performance thermique et acoustique ; ne nécessite pas de modifier l’intérieur des combles ou de réduire l’espace existant.
Inconvénients
: mise en oeuvre lourde réservée à des entreprises formées ; forte rehausse de toiture ; solution la plus onéreuse.Source : batirama.com / Stephanie Haertelmeyer