L'asthme allergique est en hausse chez les enfants - Magicmaman.com
L'asthme est une maladie inflammatoire récurrente des bronches qui entraîne des crises et des difficultés à respirer. C'est une maladie génétique : le malade possède des gènes qui le prédisposent à une hypersensibilité des bronches. Celles-ci sont alors plus réactives que la moyenne et plus étroites. Lorsqu'un enfant a un parent lui-même asthmatique, il a 40 % de risques de l'être aussi (vs 20 % dans la population générale). Le taux passe à 80 % quand les deux parents le sont. Par ailleurs, si l'asthme est génétique, il existe toujours une interaction avec l'environnement. La maladie s'exprimera plus ou moins chez un enfant en fonction de l'endroit où il vit, d'une exposition régulière à la pollution atmosphérique (les particules fines présentes dans l'air modifient l'immunité d'une personne) et au tabagisme passif (le tabac est très irritant pour les bronches) ou lors d'un effort.Les crises d'asthme se caractérisent par un sifflement à l'expiration, une toux sèche – particulièrement la nuit vers 2 heures du matin – et qui ne s'arrête pas. L'enfant fatigue, dort mal, et sa vie quotidienne comme celle de sa famille en est impactée. Dans le cas d'un asthme allergique, les crises sont principalement causées par un allergène : acariens, moisissures, pollens, aliments, poils d'animaux (chiens et chats). De ce fait, les bronches se rétrécissent à nouveau et l'air a encore plus de mal à passer.
3 BRONCHIOLITES DANS L'ANNÉE, ASTHME DIAGNOSTIQUÉ
L'asthme allergique débute généralement dans l'enfance – avant 5 ans dans la majorité des cas – et peut toucher les bébés de moins de 1 an. Chez le nourrisson, 20 à 50 % des asthmes sont allergiques ; chez l'enfant d'âge scolaire, le taux monte à 80 %. On considère qu'un tout-petit qui a eu trois bronchiolites dans l'année est asthmatique. « Certes, tous les enfants souffrent de multiples infections durant leurs premières années, souligne la Pre Jocelyne Just, cheffe de service allergologie pédiatrique à l'hôpital Trousseau à Paris. Ils construisent ainsi leur immunité et c'est normal tant que les infections sont cantonnées aux voies respiratoires hautes (nez-gorge) ». Cela l'est moins lorsque les bronches (voies respiratoires basses) sont atteintes plusieurs fois en quelques mois.Sous nos latitudes, les nourrissons sont plutôt « mono allergiques » : l'allergie aux acariens domine. Plus les enfants grandissent, plus ils sont généralement « multi-allergiques ». Vers 7-8 ans, l'allergie aux pollens est fréquente et plus tard encore, l'allergie aux poils d'animaux. Lorsque l'asthme allergique précoce est « léger », il disparaît généralement entre l'âge de 3 et 5 ans sans séquelles. En revanche, s'il est accompagné de rhinite ou de conjonctivite allergique, d'un eczéma (même terrain atopique que l'asthme), il peut persister jusqu'à l'âge adulte. Il arrive fréquemment qu'il y ait une rémission à l'adolescence avec possibilité de réapparition plus tard. Rappelons que l'asthme est une maladie organique mais lorsqu'il est mal équilibré ou mal traité, il peut avoir un retentissement psychologique important.
Vidéo du jour :ENFANTS DES VILLES ET DES CHAMPS
Les enfants vivant en ville sont plus à risque de développer un asthme allergique. Pourquoi ? De nombreuses études européennes ont montré que ceux habitant dans des fermes près des animaux (hébergeant de nombreux agents infectieux) développaient moins d'asthmes et de maladies allergiques que les autres. Aux USA, les enfants de la communauté Amish, qui vivent à la ferme comme nos ancêtres, en souffrent beaucoup moins ! On l'explique par la théorie hygiéniste qui suggère également qu'un environnement aseptisé (hygiène excessive, abus d'antibiotiques, etc.) réduit l'exposition à des micro-organismes bénéfiques à notre système immunitaire. Insuffisamment stimulé, celui-ci finit par se retourner contre son hôte, en l'occurrence notre organisme, et peut réagir à des substances autrefois inoffensives comme les acariens et les pollens.
Autre explication, en ville, l'enfant est exposé à davantage de pollution – notamment celle des particules fines – et celle-ci a un impact sur la santé des bronches. Il est également prouvé que les pollens sont à l'heure actuelle plus allergisants qu'autrefois en raison des changements climatiques. En effet, fragilisés, ils éclatent en parties de plus petites tailles qui pénètrent plus loin dans les voies respiratoires. Toutes les allergies sont en augmentation dans les pays occidentaux, que ce soit l'asthme allergique, les allergies alimentaires, la rhinite et la conjonctivite allergiques. Les chiffres sont édifiants. En 2015, une personne sur trois était allergique. En 2050, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne sur deux sera concernée.
UN ENVIRONNEMENT ADAPTÉ À LA MALADIE
Le meilleur moyen de prévenir l'asthme allergique est d'éviter de s'exposer aux allergènes en cause. Elémentaire ! C'est pourquoi il est essentiel qu'un diagnostic soit posé rapidement par un allergologue afin d'identifier le facteur déclenchant. On utilise des pricks-tests, qui consistent à déposer une goutte des allergènes suspectés sur la peau à l'aide d'une petite pointe. Quelque vingt minutes plus tard, le test est positif si une papule apparaît au point de l'injection. Une fois les suspects débusqués, généralement les acariens pour les tout-petits, « il faut d'abord améliorer son environnement, rappelle la Pre Jocelyne Just. Aérer au moins une demi-heure toutes les pièces de la maison, éviter les moquettes, les tentures murales et les doubles-rideaux – surtout dans sa chambre –, laver ses draps à 60 °C, utiliser oreiller et couverture en matière synthétique lavable ainsi qu'une housse antiacarienne sur le matelas. » Bref, faire le ménage dans la maison !
NI EAU NI SIROP EN CAS DE TOUX
Malgré toutes les précautions prises pour éliminer les allergènes, un traitement médicamenteux reste nécessaire. Il consiste en des bronchodilatateurs (pour dilater les bronches et permettre à l'air de passer plus facilement) de courte durée et, dans certains cas, des corticoïdes oraux pour limiter l'inflammation des bronches. Le plus connu des bronchodilatateurs est la Ventoline® . A ce sujet, la Pre Jocelyne Just rappelle aux parents, que lorsque leur enfant fait une crise d'asthme, tousse, etc., on ne lui donne d'abord ni eau ni sirop – qui n'auront aucun effet – mais un bronchodilatateur ! Le traitement de fond comporte des corticoïdes inhalés et éventuellement des bronchodilatateurs de longue durée. S'il agit efficacement sur les symptômes, il ne traite pas la cause de la maladie. Une désensibilisation, à partir de l'âge de 4 ans et demi-5 ans, est souvent efficace. Administré par voie sublinguale, le traitement quotidien consiste en une pulvérisation ou un dépôt sous la langue d'un extrait de l'allergène afin d'obtenir une tolérance du système immunitaire et l'amener à ne plus réagir excessivement. Une désensibilisation dure plusieurs années, de trois à cinq ans.
Dans le cas d'asthme allergique très sévère (rare, 3 à 5 % des asthmes), les médecins peuvent proposer une biothérapie comme les anti IgE en injections sous-cutanées bimensuelle ou mensuelle qui bloquent la réaction allergique et permettent d'améliorer le contrôle de l'asthme.
FAUT-IL AVOIR PEUR DES CORTICOÏDES ?
Les corticoïdes ont une image négative : ils empêcheraient de grandir, feraient grossir… Selon l'association Asthme et Allergies, les corticoïdes inhalés ne passent pas dans la circulation sanguine (et donc ne risquent pratiquement pas de provoquer des effets sur d'autres organes que les bronches). Par ailleurs, la dose du médicament est très faible comparativement à celle contenue dans les corticoïdes oraux (en comprimés). Sachez que les risques des corticoïdes inhalés sont nettement moindres que les risques d'un asthme sous-traité !
COMMENT PRÉVENIR UNE CRISE D'ASTHME ?
Eviter les facteurs déclenchant lorsque c'est possible. Par exemple, aménager la chambre de l'enfant lorsqu'il est allergique aux acariens (pas de tapis, rideaux…). Allergique aux poils d'animaux ? Attention au contact avec l'animal en question. En cas de pollution atmosphérique, demander à l'enfant de ne pas courir ou taper dans un ballon. Et lorsque l'atmosphère est saturée de pollens, préférez les matins aux après-midi pour sortir. Après une promenade, rincez les cheveux de l'enfant à l'eau le soir pour éviter que les pollens ne se déposent sur l'oreiller. N'oubliez pas les lunettes de soleil si l'asthme s'accompagne de conjonctivite allergique.
Prendre régulièrement son traitement de fond quand il a été prescrit par le médecin. Il agit sur la durée et doit être pris chaque jour, même lorsque l'enfant n'a pas de crise.
Fréquenter une école de l'asthme et y aller avec son enfant pour apprendre à gérer la maladie. Ces écoles proposent des ateliers interactifs – éviter l'apparition d'une crise, savoir surveiller son souffle et utiliser correctement ses médicaments. De nombreuses études ont montré que les personnes asthmatiques ayant bénéficié de cette éducation ont un asthme mieux contrôlé (moins de crises et de gênes respiratoires la nuit, moins d'absences à l'école ou au travail, etc.). Retrouvez la liste et adresses des écoles de l'asthme sur asthme-allergies.org, onglet asthme puis cliquer sur « L'asthme de l'enfant ».
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