Un potager économe en eau | La Presse de Tunisie
Il existe de nombreuses astuces simples et efficaces pour continuer à cultiver sereinement nos légumes… tout en allégeant notre facture d’eau !
• Arroser sans gaspiller
Premier réflexe : arroser tôt le matin ou après le coucher du soleil pour limiter drastiquement le gaspillage de l’eau par l’effet naturel de l’évaporation. En récupérant l’eau de pluie au pied des gouttières, vous pourrez même arroser gratis et anticiper les manques au moment des fortes chaleurs. Gardez la main légère, certains jardiniers ayant une fâcheuse tendance à trop arroser leurs légumes, notamment en fin de culture. Conséquences? Une hypersensibilité des plants au moindre coup de chaud, une perte de goût flagrante, en particulier pour les tomates ou les melons.
Contrairement à l’arrosage au tuyau ou par aspersion, le goutte-à-goutte permet de contrôler les apports. Il est important de suivre au jour le jour les prévisions météorologiques afin de vous dispenser d’arrosages inutiles quelques heures avant un épisode pluvieux. Un simple pluviomètre vous renseignera précisément sur les récentes précipitations, en gardant en tête qu’entre 5 et 10 mm, il vous faudra compléter par des arrosages. Au-delà, la terre devrait avoir absorbé suffisamment d’eau, à condition qu’il n’y ait pas trop de pertes par ruissellement.
• Pailler la terre pour limiter
l’évaporation
Même si le célèbre adage «Un binage vaut deux arrosages» reste une vérité, le paillage s’avère beaucoup moins fastidieux et réduit lui aussi de moitié les arrosages. Veillez au préalable à étaler cette couche protectrice sur un sol humidifié, soit par une belle averse soit par un bon arrosage la veille au soir. Comme les matériaux isolants d’une toiture, le paillage doit recouvrir toute la surface du potager, allées en terre et passe-pieds compris, sous peine de voir l’eau migrer vers les parties non couvertes et s’évaporer. Sachez aussi que plus un paillage est fin, mais étalé en couche épaisse, plus il jouera son rôle isolant.
Ainsi, les paillettes de lin ou de chanvre entre les rangs de légumes, tout comme les déchets de tonte dans les allées, s’avèrent bien plus efficaces que la paille. Retenez que 10 cm de déchets de tonte sèche équivalent à 20 cm de paille. Pour améliorer votre plan antisécheresse, la terre du potager devra être auparavant enrichie en compost.
Fine ou grossière, cette précieuse matière organique permet à l’eau, en particulier lors des forts orages estivaux, de pénétrer en profondeur dans la terre. Elle constitue alors une importante réserve qui se mettra progressivement au service de vos cultures.
Dans un sol sableux et donc très drainant, l’ajout de compost sert aussi à retenir l’eau. A raison de 10 litres de compost par m2 de potager, vous aurez tout intérêt à recycler un maximum de déchets végétaux dans plusieurs silos.
• Miser sur les légumes sobres
Imaginez que les laitues, les tomates ou les carottes cultivées sur 1 m2 réclament entre 2 et 4 litres d’eau par jour! Sans compter que ces besoins sont plus importants lors du semis ou de l’installation des jeunes plants. Misez plutôt sur l’oignon, l’ail ou l’échalote, qui s’avèrent être des légumes beaucoup plus sobres. Changez aussi vos habitudes en privilégiant les cultures dont les besoins en eau sont généralement couverts par les précipitations d’automne, voire d’hiver : épinard, panais, fève, radis noir et blette.
Autre piste: favoriser les vivaces comme le topinambour, le poireau perpétuel, le cardon et l’artichaut bien plus résistants aux épisodes de sécheresse que les classiques légumes annuels. Plus exotiques, la patate douce, le physalis, la tétragone et le pois chiche garderont la tête haute sous la canicule.
• Privilégier l’ombre
Tous les anciens guides de jardinage vous diront qu’un potager productif doit impérativement se cultiver avec un maximum d’ensoleillement. Or, avec les sécheresses et les records de températures battus chaque année, il faut bien se rendre à l’évidence: un peu d’ombre ne nuit pas. D’ailleurs, nos aïeuls avaient l’habitude de couvrir avec une cagette les semis de radis, de chicorée et de carottes d’hiver semés au plus fort de l’été. Vous pourrez aussi utiliser cette technique pour offrir un peu d’ombrage à vos fruits de courges et potimarrons à la peau si sensible.
Servez-vous également des grandes plantes qui protégeront efficacement les plus petites du soleil. Ainsi, les haricots nains profiteront d’un bel ombrage végétal s’ils sont cernés par deux rangées de topinambours. Avec la protection de grands cosmos ou de pois chiches, vos fraisiers traverseront l’été sans encombre.
Les ombrières en canisse, prisées sous les climats tropicaux, peuvent s’avérer très utiles pour protéger les courgettes, les courges et même le fenouil bulbeux. Mettez aussi à profit l’ombre portée des grands arbres ou d’une haie pour en rapprocher vos carrés de potager.