Accusé du meurtre de sa femme Ernesto Fera blâme un voleur qui s’est « trompé de maison »
(Saint-Jérôme) Nadia Panarello a été assassinée par un voleur qui s’est « tout simplement trompé de maison ». C’est du moins la thèse proposée par son mari dans sa déclaration aux assurances. La Couronne a conclu sa preuve lundi au procès d’Ernesto Fera, accusé d’avoir tué sa femme en 2004 pour toucher 350 000 $ en assurances.
Publié le 22 nov. 2021 Louis-Samuel Perron La Presse« Nous allons avoir une brève défense, oui », a annoncé ensuite Me Joseph La Leggia, l’avocat d’Ernesto Fera. La défense doit ainsi s’amorcer jeudi au palais de justice de Saint-Jérôme. On ignore si l’accusé sera appelé à la barre. Ernesto Fera est accusé du meurtre au premier degré de sa femme, survenu le 12 février 2004, dans le quartier Vimont à Laval. La femme de 35 ans a été poignardée à une trentaine de reprises.
Le juge James Brunton a toutefois déjà eu une idée de la version d’Ernesto Fera en visionnant lundi la vidéo du test du polygraphe de l’accusé en mai 2004. À cette époque, cela faisait trois mois que Nadia Panarello avait été retrouvée, la gorge tranchée, dans la toilette adjacente à la chambre familiale. Aucune arrestation n’avait été effectuée.
Pendant le test, Ernesto Fera a fermement nié avoir tué sa femme :
Selon son récit, l’accusé devait conduire leur fille à l’école ce matin-là. Avant de partir, il avait pris soin de mettre leur chien de race golden retriever dans une chambre. Il avait vu sa femme pour la dernière fois lorsqu’elle est descendue chercher sa trousse de maquillage au rez-de-chaussée.
En chemin, il a tenté de l’appeler, comme il en avait l’habitude, mais celle-ci n’a pas répondu. Vers 10 h, le bureau de Nadia l’a appelé, puisque sa femme ne s’était pas présentée au travail. Quelque chose clochait. À son arrivée à la maison, les policiers et l’ambulance étaient déjà là.
Pendant son interrogatoire, Ernesto Fera a refusé de pardonner à l’assassin de sa femme. « Non. Il m’a enlevé quelqu’un. Il m’a enlevé quelqu’un, ça se pardonne-tu ? Il y a pas de raison. » La scène de crime, particulièrement sanglante, montre des signes de bagarre.
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Le mystère de ce meurtre est longtemps demeuré entier, puisque les policiers n’ont noté aucun signe d’entrée par effraction. Ni traces sur la serrure ni traces de pas dans la maison ou à l’extérieur de la maison. Seuls deux mégots ont été retrouvés sur la neige, devant la maison.
Dans sa réclamation aux assurances, Ernesto Fera a supposé qu’un voleur avait « commis l’acte » en se trompant de résidence. Or, il a précisé que les bijoux portés par sa femme n’avaient pas été volés. Seuls les bijoux dans le « bureau de madame » ont été volés, ajoute-t-il dans le document déposé en preuve. Selon la preuve de la Couronne, d’autres bijoux de grande valeur n’ont pas été dérobés.
Avant la mort de sa femme, Ernesto Fera croulait sous les dettes, soit 115 000 $. Il avait accumulé trois mois de retard dans ses paiements hypothécaires et sa carte de crédit était remplie. Le couple n’arrivait même plus à payer ses taxes scolaires et les frais d’immatriculation de l’un de ses véhicules.
Peu de temps avant le meurtre de Nadia Panarello, l’accusé a demandé à une connaissance de lui faire un prêt de 120 000 $, mais ce dernier a refusé. L’accusé lui avait alors confié « attendre un héritage de 175 000 euros ».
Les assurances-vie de sa femme ont permis à Ernesto Fera de rembourser l’hypothèque de la maison et l’entièreté de ses dettes. Il a bénéficié de 350 000 $ au total.
Alors que le meurtre a eu lieu en 2004 à Laval, ce n’est qu’en 2019 qu’Ernesto Fera a été arrêté. Un tel délai est rarissime dans une affaire de meurtre au Québec.
Le ministère public est représenté par Me Nektarios Tzortzinas, Me Steve Baribeau et Me Alexandre Dubois.