« Une femme du monde » : Laure Calamy vend ses charmes sans se voir comme une victime
Vendre ses charmes dans les rues de Strasbourg. C’est le métier qu’a délibérément choisi Marie, la prostituée qu’incarne Laure Calamy dans Une femme du monde. Le premier long-métrage de Cécile Ducrocq, découvert auFestival de Deauville, balaye bien des idées reçues sur la prostitution en montrant l’héroïne comme une femme libre dont la principale préoccupation est de financer les études de cuisinier de son fils.
« Je considère la femme que j’incarne comme quelqu’un qui a décidé de son destin, explique Laure Calamy à 20 Minutes. Personne ne l’a obligée à se prostituer et je n’accepte pas l’idée qu’on puisse la contredire quand elle déclare qu’elle est libre. » C’est ce qui ressort de ce film qui ose aller à contre-courant des idées reçues pour brosser le portrait d’une travailleuse du sexe et offrir un tableau passionnant du monde dans lequel elle évolue.
Tout pour son fils
La comédienne, césarisée l’an dernier pour Antoinette dans les Cévennes, livre une performance subtile en femme qui perd pied quand elle a un besoin d’argent urgent. « Elle se bat pour l’avenir de son fils comme le feraient bien des mères, insiste Laure Calamy. Elle est prête à se sacrifier pour lui, quitte à renoncer à son indépendance. » La course contre la montre de l’héroïne pour réunir les frais de scolarité destinés à une école chic la pousse à entrer dans une maison close dans l’espoir d’augmenter ses gains. Une bonne occasion pour détailler comment fonctionnent ces établissements.
Cécile Ducrocq avait déjà dirigé la comédienne dans le court-métrageLa Contre-allée sur le même sujet. « Contrairement aux très jeunes femmes étrangères exploitées par des réseaux qui cassent les prix, elle n’est pas une victime, explique la cinéaste à 20 Minutes. Elle souffre d’une mondialisation qui la menace. » Face à ses clients ou dans des manifestations organisées pour défendre ses droits, Marie reste digne. « Mais il n’était pas question d’en faire un ange, elle est aussi capable de dureté voire de malhonnêteté quand elle est poussée à bout », insiste Laure Calamy.
Les nuances du personnage emportent l’adhésion notamment dans les rapports que Marie entretient avec son fils (Nissim Renard). Une femme du monde traite de la prostitution sans concession, ni vulgarité. Laure Calamy y confirme l’étendue de son talent pour incarner des femmes fragiles et fortes auquel le spectateur a envie d’apporter son soutien.
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